Acquisitions 2009

Hyacinthe Aubry-Lecomte (1787-1858) et Anne Louis Girodet (1767-1824), Érigone, 1822
Hyacinthe Aubry-Lecomte et Anne Louis Girodet,
Érigone, 1822.
Image © Lyon MBA - Photo Alain Basset
Contenu

Émile Gallé (1846-1904), Vase orné de chardons, 1900

Verre multicouche et monture de bronze doré, H. 32 cm ; L. 16 cm. Achat en 2009 grâce au mécénat du cabinet Bonnet, Vienne.

Émile Gallé (1846-1904), Vase orné de chardons, 1900
Emile Gallé,
Vase orné de chardons, vers 1900.
Image © Lyon MBA - Photo Alain Basset

Ce vase est le résultat d'une expérimentation d'Émile Gallé : le verre soufflé est constitué de couches superposées de verres de couleurs différentes, lesquelles sont ensuite gravées en creux afin de révéler les couleurs sous-jacentes tandis que des ajouts de matière à chaud apportent du relief. Une fêlure étant apparue après la cuisson, l'artiste a abandonné ses recherches. Le vase est donc un prototype que Gallé a néanmoins pris soin de faire monter sur un socle en bronze, dont il a lui-même fourni le dessin. Les collections d'objets d'art du musée des Beaux-Arts de Lyon accordent une place importante à l'artiste. On peut en effet admirer deux meubles entrés dans les collections en 1989, une petite table à ouvrage et le bahut-étagère « La Berce des prés », ainsi que d'autres verreries de l'artiste, plus simples car non montées sur socle. Avec sa monture en forme de feuilles stylisées en bronze doré, ce vase complète cet ensemble en évoquant à la fois l'art du verre et du métal de style Art Nouveau, par ses formes qui répondent à celles des consoles de barre à rideaux d'Hector Guimard provenant du mobilier de la chambre à coucher de son hôtel particulier de l'avenue Mozart à Paris, présentées à proximité.

 

 

Henri Michaux, Sans titre, 1946 et Sans titre, 1948

Sans titre, 1946 : Aquarelle et encre noire sur papier vélin, H. 49,5 cm ; L. 50 cm. Achat en 2009.

Sans titre, 1948 : Encre noire, gouache et aquarelle sur papier vélin apprêté, H. 37,8 cm, L. 26,4 cm. Achat en 2009.

Henri Michaux,
Henri Michaux,
Sans titre, 1946.
Image © Lyon MBA - Photo Alain Basset
Henri Michaux,
Sans titre, 1948.
Image © Lyon MBA - Photo Alain Basset

Écrivain et poète belge, Henri Michaux commence à peindre en 1922 peu de temps après la publication de ses premiers écrits. Il doit sa découverte de la peinture aux surréalistes, à travers la révélation de Paul Klee en premier lieu puis de Max Ernst et Chirico. Les années d'Occupation le contraignent à l'isolement : ses expérimentations picturales prennent alors le dessus sur la production littéraire. Il réalise dans un premier temps des paysages de désolation, sans ombre, ni lumière, réalisés à l'aquarelle sur papier. Quelques personnages et animaux viennent s'y ajouter comme des silhouettes impassibles. Au même moment, des dessins au crayon et à l'encre de Chine représentent les mêmes figures filiformes.

De 1944 à 1947, Michaux adopte également la technique du frottage. Les deux aquarelles proposées à l'acquisition, se rattachent à une série d'œuvres sur papier réalisée à partir de 1946 et dont une partie sera présentée en 1948 à la galerie Drouin. En cette fin des années 1940, alors que la guerre a rendu impossible la représentation de l'image, toute la production de Michaux tourne autour du visage : « visages inquiets », « têtes affolées », « silhouettes fragiles » obtenues en griffant à la plume la surface délavée du papier. Michaux donne naissance à « une sorte d'apparition murmurée » qu'il devait définir comme le « fantomisme ». Ces œuvres se situent à un moment où la peinture sert d'exorcisme à Michaux profondément marqué par l'hospitalisation de sa femme, gravement brûlée, qui finira par succomber à ses blessures.

Dans un texte essentiel de 1946, « En pensant au phénomène de la peinture » (repris dans Passages, 1950), Michaux revient très longuement sur l'apparition de ces visages: « Dessinez sans intention particulière, griffonnez machinalement, il apparaît presque toujours sur le papier des visages./Menant une excessive vie faciale, on est aussi dans une perpétuelle fièvre de visages./ Dès que je prends un crayon, un pinceau, il m'en vient sur le papier l'un après l'autre dix, quinze, vingt. Et sauvages la plupart./ Est-ce moi tous ces visages ? Sont-ce d'autres ? De quels fonds venus ? » Images au statut incertain, ces œuvres des années 1940 relèvent, nous semble-t-il de la problématique de l'image double, explorée récemment par Jean-Hubert Martin et Dario Gamboni, qui ont cependant laissé de côté le cas de Michaux. L'artiste explique aussi la fascination qu'exerce sur lui la technique de l'aquarelle dont il observe les effets autant qu'il les contrôle : « le "flash", les couleurs qui filent comme des poissons sur la nappe d'eau où je les mets, voilà ce que j'aime dans l'aquarelle./Le petit tas colorant qui se désamoncelle en infimes particules, ces passages, et non l'arrêt final, le tableau. En somme, c'est le cinéma que j'apprécie le plus dans la peinture. »

 

Hyacinthe Aubry-Lecomte (1787-1858) et Anne Louis Girodet (1767-1824), Érigone, 1822

d'après Anne Louis Girodet

Lithographie, H. 41 cm, L. 46,8 cm. Don de Patrice Béghain en 2009

Hyacinthe Aubry-Lecomte (1787-1858) et Anne Louis Girodet (1767-1824), Érigone, 1822
Hyacinthe Aubry-Lecomte et Anne Louis Girodet,
Érigone, 1822.
Image © Lyon MBA - Photo Alain Basset

Le musée des Beaux-Arts conserve un important fonds d'estampes, particulièrement riche en œuvres du XIXe siècle grâce au legs effectué en 1897 par Marius-Pierre Anterrieu. Celui-ci s'est enrichi en 2009 par le don de cinquante-sept gravures de la fin du XVIIIe siècle et de la première moitié du XIXe siècle. Contenant quelques unes des réalisations importantes de cette époque, cet ensemble souligne l'importance de l'estampe dite d'interprétation dans la diffusion des œuvres d'art à cette période. Il permet plus spécifiquement de suivre la fortune de trois artistes parmi les plus reproduits que sont Pierre-Paul Prud'hon, François Gérard et Anne-Louis Girodet.

La diversité des procédés utilisés par les graveurs est bien illustrée par cet ensemble, qui montre la pérennité de la pratique du burin, tout en accordant une large place à la lithographie, mise au point en 1796 en Allemagne et importée en France dès 1816 par Charles de Lasteyrie et Godefroy Engelmann. Cette technique est l'objet d'essais originaux et un champ d'innovation. Les plus talentueux praticiens, comme Hyacinthe Aubry-Lecomte, portent la lithographie à son apogée dès les années 1820 en atteignant une qualité subtile de nuances. Celui-ci joue en particulier un rôle important auprès des artistes, et tout particulièrement auprès de Girodet, qui collabore même avec lui pour un essai a priori unique dans ce medium, Érigone, d'après une de ses compositions.