
Minerve ou Isis ?
Du passé de la statue, on ne sait rien avant le début du XVIIIe siècle. Elle appartient alors au Cabinet de curiosités de Laurent Gravier, à Marseille . La sculpture est
probablement vendue à sa mort - peut-être à un autre collectionneur marseillais, l'abbé Boule - et l'on perd sa trace jusqu'en 1773, où elle est reproduite dans une publication, sans mention de propriétaire. Par confusion avec la découverte ancienne d'une statue de Minerve, rue des Consuls à Marseille, on la reconnaît comme la déesse grecque tenant son principal attribut, la chouette. Cette identité et cette provenance vont perdurer longtemps. La sculpture, appelée selon les auteurs Minerve ou Isis - en raison de la coiffe proche de celle portée par le dieu égyptien Sarapis - quitte Marseille pour Nîmes au cours du XVIIIe siècle.
Isis ou Aphrodite-Astarté ?
Vers 1810, le musée de Lyon acquiert l'"Isis, en marbre". La statue va continuer pendant longtemps à susciter l'intérêt des historiens de l'Antiquité. Le caractère égyptisant supposé et la provenance marseillaise faussement établie en font un temps une "Isis gauloise". Plus tard, on y voit une Vénus à la colombe ou une Vénus de Paphos d'origine chypriote. Il faut attendre le début du XXe siècle pour que l'erreur du lieu de la découverte soit reconnue. Par la suite, l'identification à Vénus-Aphrodite est remise en cause.
La statue n'a donc désormais plus de provenance ni d'identité.
Une koré de l'Acropole d'Athènes !

En 1935, l'archéologue anglais Humphry Payne rédige le catalogue des sculptures archaïques du musée de l'Acropole à Athènes. Parmi les éléments mis au jour à la fin du XIXe siècle, un fragment de jambes (n° Acr. 269) lui rappelle la fameuse statue de Lyon. Le tirage en plâtre qu'il fait venir en Grèce s'adapte parfaitement aux jambes, ainsi que deux autres fragments du bras et de l'épaule gauches. La statue est donc enfin identifiée comme une koré archaïque de l'Acropole d'Athènes, provenance la plus illustre qui soit.