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Armand Avril

Exposition-dossier 20 juin - 29 septembre 2008
armand avril
Introduction

Un voyage d'un an en Afrique en 1960, la rencontre de Louis Pons, dessinateur et assembleur d'objets, la découverte du village de Cotignac (Var) où il choisira ensuite de vivre, modifient progressivement son orientation artistique. Enthousiasmé par l'oeuvre de Gaston Chaissac qu'il découvre à Nantes, il convainc le critique René Deroudille et la conservatrice Madeleine Rocher-Jauneau d'organiser en 1968 une exposition de l'artiste au musée des Beaux-Arts de Lyon. En 1973, son Hommage à Chaissac initie une série d'hommages facétieux aux artistes admirés : Malevitch, Matisse, Man Ray, Picasso, Herbin, et au cubisme, dans une suite de Têtes, pleines de fraîcheur et de fantaisie.

Du 20 juin 2008 au 29 septembre 2008
Information horaires

Collections du XXe siècle - Salle 200

Vidéo

En 1985, une exposition organisée par Alphonse Chave dans sa galerie de Vence, inscrit la démarche d'Avril dans le sillage de Dubuffet et de l'art brut.
En 2002, son ami Pierre Robin, ancien galeriste d'art primitif à Paris, lui propose des sculptures Bozo, peuple pêcheur installé sur une partie des rives du Niger au Mali ; il accumule les marionnettes colorées de cette ethnie dont la veine poétique dialogue avec ses propres créations.

Avril poursuit une œuvre prolifique et singulière loin des contingences des modes, dans sa maison-atelier, magnifique bric-à-brac où le moindre espace saturé d'objets révèle l'univers intérieur de ce magicien inclassable.


Œuvres exposées

La mer à Cassis, 1986
Bois, liège et métal ; sable et peinture. Collection particulière
La mer à Cassis, 1986
Bois, liège et métal ; sable et peinture. Collection particulière
La mer à Cassis, 1986
Bois, liège et métal ; sable et peinture. Collection particulière
La mer à Cassis, 1988
Bois, liège et métal ; sable et  peinture. Collection particulière
Salut Chaissac, salut Bojnev, 1973
Bois, liège, métal, tissu, papier argenté, peints ou cirés. Collection particulière
Salut Matisse, 1981
Bois et liège peints. Collection particulière
Malevitch, 1983
Bois peint. Collection particulière
Hommage à Picasso, La Californie, 1983
Bois peint. Collection particulière
Salut à Herbin, 1984
Bois et liège peints. Collection particulière
La fille au chat, 1983
Bois et liège peints. Collection particulière
Man Ray, 1993
Bois peint. Collection particulière
Salut Malevitch, 2004
Bois peint. Collection particulière
Tête, 1983
Bois peint; Collection particulière
Portrait de Man, 1983
Bois peint. Collection particulière
Tête, 1986
Bois peint. Collection particulière
Tête cubiste, 1986
Bois peint. Collection particulière
Panoplie, 1971
Bois et liège. Fonds National d’Art Contemporain
Lyon, musée des Beaux-Arts

Il existe un mystère Avril

par François Boulay

Autant commencer sincèrement par un aveu. Ces lignes ont peu de chance d'apporter quelque apaisante réponse, quelque embryon de tranquillité à ceux qui (Ah ! Les inquiets ! Les malades ! Les incurables !) n'ont pas la sagesse, devant l'œuvre d'Avril, de s'en tenir à la confortable jubilation des premiers instants, des premières lectures.

Il existe un mystère Avril.
L'approcher est l'entreprise la plus aisée du monde. Le saisir, le toucher même, relève de la chimère. Est-il possible, avec cet extra-terrestre ensorceleur et protéiforme, de s'en tenir aux émotions simples, aux plaisirs orgasmiques, aux dégustations gourmandes et éphémères ? Oui, si l'on en croit certains. Très bien, dormez en paix. Mais les autres, tous les autres ?

Les autres auront parfois l'impression, derrière lui, de piétiner comme des piafs derrière un pur-sang, un cheval au galop, et d'en être réduits à se contenter des restes de son festin intérieur.
Est-il conscient, ou inquiet, des questions que son œuvre pose ? Je ne le pense pas. Avril taille sa route, avance, à la machette, au couteau de chasse, au couteau à découper, au couteau à viande, à la scie, au rasoir, au surin, à la serpe, à la faux, au sabre, avec les ongles, avec les dents, Avec ses immenses capacités digestives, génératives, créatrices.

Dévotion excessive ? Délire mystique du copain chroniqueur ?
Juste un rappel, pour mémoire, de quelques réflexions formulées par celui qui a su, au plus proche, trouver les mots justes.

 

Jean-Jacques Lerrant :
« Quelque chose est gardé là, qui trouble comme un fragment d'éternité. »
« Un enfant fou, ou un vieux sorcier, qui a trouvé des fragments de miroir, des boîtes, des clous de forge, pour en faire des fétiches, des reliquaires des appâts de concorde avec les dieux. »
« Clown par décision, par dérision, par angoisse. »
« Il donne aux dieux, à la dérision de Dieu, à ses frères humains, à la pagaille du monde, ce qu'il cloue, encolle et fixe selon l'ordre des mains, la merveilleuse folie artisanale des mains ».

Ce diable d'homme serait-il de ceux que Pierre Vidal-Naquet a appelés, faute de mieux, les « guerriers fous », médiateurs indispensables, de par leurs rites et leur violence, à notre accession au statut de civilisés ?

Avril entre donc au musée.
On peut lui faire confiance, il s'en tirera très bien.
 

Mais le musée, lui, ne s'en sortira pas indemne. Avril laisse sa marque, laisse des traces, transforme les lieux qu'il habite et les gens qu'il approche. Blindez les portes, isolez les collections, installez des cordons de sécurité -Avril L'Ecumeur des mers débarque avec ses flottilles, ses hordes de petits bonshommes taillés à son image- Ils s'échapperont chaque nuit pour reluquer, se glisser, s'infiltrer, pondre des œufs.

Observez bien la Première Communiante et ses lèvres offertes de René de Saint-Marceau, elle n'est déjà plus la même. Et l'Odalisque de Pradier ? La Danseuse folle de Wouters ? Même les chastes tendrons du Poème de l'âme manifestent un curieux empressement. Et le Cranach !
Azouz, ne me dis pas que, cette nuit, tu es allé lutiner la Dame de qualité de Cranach ! Pas elle ! Tu n'aurais pas eu ce culot ?...
Pas de réponse.
Je vous aurai prévenus.
François Boulay

Citation
Un enfant fou, ou un vieux sorcier, qui a trouvé des fragments de miroir, des boîtes, des clous de forge, pour en faire des fétiches, des reliquaires des appâts de concorde avec les dieux.
Auteur citation
Jean-Jacques Lerrant
Bloc dossier de l’exposition