Dernières paroles de l'empereur Marc Aurèle
Information sur l’artiste
Eugène Delacroix [Charenton-Saint-Maurice, 1798 - Paris, 1863]
Dernières paroles de l'empereur Marc-Aurèle, 1844.
Image © Lyon MBA - Photo Alain Basset
Au centre de cette grande composition, un vieil homme malade s'agrippe au bras d'un jeune homme vêtu de rouge, à l'allure et au regard insolents. L'atmosphère est lourde. Autour d'eux, des hommes tristes et sérieux ferment l'espace et assistent avec compassion à cette confrontation.
Chef de file du romantisme en peinture, Eugène Delacroix choisit pourtant un sujet classique. Le peintre représente ici les dernières heures de la vie de l'empereur romain Marc Aurèle. Il rejoint ainsi la grande tradition de la peinture d'histoire, reprenant dans sa composition le principe d’une scène de lit de mort tel que Nicolas Poussin ou, plus tard, Jacques Louis David l’avaient établi.
La scène représentée annonce la fin de l'Empire romain : dédaignant l'exemple de son père philosophe, ne vivant que pour son propre plaisir, Commode deviendra un empereur tyrannique, provoquant la chute de la puissance romaine. Rien de moral cependant dans cette œuvre ; malgré les apparences, tout y est ambigu. N'est-ce pas le jeune homme et son vêtement lumineux qui apporte vie et mouvement, tandis que les vieux philosophes sont laissés dans l’ombre ? La facture révèle par ailleurs avec une grande liberté toute la science de la couleur de l’artiste.
Exposée au Salon de Paris en 1845, l'œuvre fut assez froidement reçue par les critiques à l'exception de l'écrivain Charles Baudelaire qu'elle enthousiasma : « tableau splendide, magnifique, sublime, incompris. […] Cette couleur est d’une science incomparable. »
1844
Huile sur toile
H. 260,6 ; L. 336,3 cm
Envoi de l'État en 1860 ; dépôt du Centre national des arts plastiques
Inv. A 2928