Treize artistes sont ici réunis autour d’une représentation du peintre lui-même, dans ce portrait collectif à valeur de manifeste de l’école lyonnaise, devant un paysage des bords de Saône, au niveau de l’île Barbe, située en amont de Lyon. Les peintres Jean Marie Jacomin, Augustin Thierriat, Michel Genod, Anthelme Trimolet, Étienne Rey, Claude Bonnefond et Hector Reverchon, le sculpteur Jean François Legendre-Héral, un musicien et un écrivain entourent Fleury Richard, coiffé d’un chapeau. Leur aîné, qui occupait le poste de professeur de la classe de peinture à l’école des Beaux-Arts de la ville à laquelle tous avaient étudié, venait d’être quelques mois auparavant poussé à se démettre de ses fonctions en faveur de son désormais rival Pierre Révoil. Il semble que Duclaux ait ainsi voulu affirmer son soutien au maître, en l’établissant en figure tutélaire de la jeune génération qui débutait alors sa carrière et se signalait sur les cimaises du Salon parisien.

Par cette œuvre, Duclaux affirme fortement son appartenance locale, si bien que le concept d’une « école de Lyon » apparaît sous la plume de la critique à compter de cet acte considéré comme fondateur. Le choix pour décor d’un paysage et non d’un atelier renforce cette valeur programmatique, en insistant sur le travail en plein air auquel l’artiste se livre lui-même à l’arrière-plan dans son autoportrait, accompagné de tout l’attirail du paysagiste moderne.