Le musée des Beaux-Arts de Lyon a la chance de conserver une série complète des quatre éléments peints entre 1606 et 1611 par Jan Brueghel l’Ancien, avec l’aide d’Hendrick van Balen, l’auteur des figures allégoriques autour desquelles s’organisent ces compositions. Après avoir appartenu à de prestigieuses collections autrichiennes aux XVIIe et XVIIIe siècles, les quatre tableaux composant la série ont été envoyés à Lyon par le gouvernement impérial en 1811.

Les variétés et les espèces les plus diverses y abondent et sont décrites d’un pinceau aussi malicieux que scrupuleux. Ces compositions allégoriques associent en effet la cosmologie antique à un inventaire quasi encyclopédique des richesses naturelles, à l’exception du Feu, puisque ce sont des pièces d’armure et des ustensiles métalliques qui figurent cet élément.

Au centre, apparaît Vénus dans la forge de son époux Vulcain, lui demandant des armes pour son fils Énée (Virgile, Énéide, chant VIII, vers 370-453). À l'arrière, des forgerons s'activent devant les foyers et sur les enclumes. C'est pour Jan Bruegel l'occasion de montrer son talent de miniaturiste dans la représentation d'objets métalliques, fragments d'armures, armes, vases, bijoux, coupes à boire, plats et chaudrons. L'inventivité du peintre paraît sans limites et la précision dans le rendu des détails s'associe à une observation minutieuse des reflets métalliques. Les objets sont entassés, accumulés, donnant une impression de profusion. L'arrière-plan est formé d'un long couloir en ruine, dont la voûte affaissée laisse entrevoir un niveau supérieur. Envahi par la végétation, il évoque un passage voûté du Palatin que le peintre avait pu dessiner pendant son séjour romain. Illustrant le thème du feu, le tableau est basé sur des tons de bruns orangés, que tempèrent de délicats accords de bleus et de verts.

Cette série, dont la réalisation dut s'étaler sur six ans, selon les dates portées sur trois des tableaux, fut reprise plusieurs fois par le peintre à partir de 1604, avec des variantes.