Retour à la programmation #Exposition archivée

Un jour, j'achetai une momie

Visuel principal
Introduction

Quand, en 1865, Émile Guimet (1836-1918) part visiter l'Égypte, il ne se doute pas que ce voyage va bouleverser sa vie. Fasciné par l'archéologie, la philosophie et l'histoire des religions orientales, une passion qui va l'entraîner jusqu'en Extrême-Orient, le jeune industriel lyonnais commence alors une exceptionnelle collection.

 

L'exposition réunit une large part des antiquités égyptiennes qu'Émile Guimet acquiert pendant près d'un demi-siècle, stèles, statues, sarcophages, figurines funéraires, papyrus, amulettes… Il finance même des fouilles, dont les plus célèbres, dans la nécropole d'Antinoé, livrent une fabuleuse moisson de momies et de textiles.

Collectionneur atypique, il crée un musée dans sa ville natale de Lyon, dès 1879, puis à Paris, en 1889, et à nouveau à Lyon, en 1913. La démarche exceptionnelle de cet industriel visionnaire devenu directeur et mécène de musées est replacée dans le contexte historique et scientifique français et européen de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.


Commissariat :

Geneviève Galliano, conservateur en chef, département des Antiquités, musée des Beaux-Arts de Lyon

Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication/Direction générale des patrimoines/Service des musées de France. Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’État. Voir les expositions ayant reçu le label en 2012

Du 30 mars 2012 au 2 juillet 2012
Information horaires

Exposition ouverte du mercredi au lundi de 10h à 18h, le vendredi de 10h30 à 18h00.
Fermée les mardis et jours fériés. 

Bloc contenu
Prêtre soutenant la momie du défunt, Deir el Bahari, XXe dynastie (vers 1186-1070 av. J.-C.) Calcaire peint © Lyon MBA/Photo Alain Basset
Deir el Bahari
Prêtre soutenant la momie du défunt, XXe dynastie (vers 1186-1070 av. J.-C.) Calcaire peint
© Lyon MBA/Photo Alain Basset

Parcours dans l'exposition

Consultez ci-dessous le sommaire.

Téléchargez le PDF si vous le souhaitez.

Émile Guimet, un industriel amateur d'art

La découverte de Égypte

La constitution de la collection d’antiquités égyptiennes

Les musées des religions orientales

Émile Guimet et La diffusion du savoir

Émile Guimet, un homme aux multiples passions

L’égyptologie à Lyon au temps d’Émile Guimet (Exposition-dossier)

Citation
Un jour, j'achetai une momie ; quelle joie ! puis une autre. Pour gagner mon lit, j'étais obligé d’enjamber les cadavres. Je changeai de chambre.
Auteur citation
Émile Guimet
Bloc dossier de l’exposition
Bloc contenu 2

Chronologie

1836
Naissance d'Émile Guimet, le 2 juin, à Lyon dans une famille d'industriels.

1865 - 1866 (nov. – janv.)
Premier voyage en Égypte. À son retour d’Égypte, É. Guimet commence à acheter des
antiquités et entre en contact avec des égyptologues réputés.

1876 - 1877 (mai - mars)
Voyage au Japon, en Chine et en Inde du Sud.

1879
Inauguration du musée Guimet de Lyon, le 30 septembre.

1885
Donation de ses collections à l'État.

1889
Ouverture, le 20 novembre, du musée Guimet de Paris, place d’Iéna.

1895 (janv. – fév.)
Second voyage en Égypte.

1895 – 1908
Financement des fouilles d'Antinoé (Moyenne-Égypte).

1910
Financement des fouilles de Coptos (Haute-Égypte).

1913
Réouverture du musée Guimet de Lyon, inauguré le 25 mai par Édouard Herriot.

1918
Mort d'Émile Guimet à Fleurieu-sur-Saône, le 12 octobre.

1948
Réaffectation des collections antiques du musée Guimet de Paris au musée du Louvre.

1969
Transfert de la galerie égyptienne du musée Guimet de Lyon au musée des Beaux-Arts, où les collections sont aujourd'hui conservées.

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Exposition Soulages XXIe siècle

Visuel principal
Introduction

Le Musée des Beaux-arts de Lyon accueille, en partenariat avec la Villa Médicis, une trentaine d’œuvres de Pierre Soulages dont plusieurs tableaux inédits. Représentant majeur de l’abstraction française, Pierre Soulages a fait de la couleur noire son signe distinctif.

 

Cet événement fait écho à l’acquisition récente de trois œuvres de l’artiste : Brou de noix sur papier 60,5 x 65,5 cm, 1947, Peinture 202 x 143 cm, 22 novembre 1967 et Peinture 181 x 244 cm, 25 février 2009, grâce à la mobilisation exceptionnelle du Club du musée Saint-Pierre, de la Ville de Lyon, du Fonds Régional d’Acquisition des Musées - Région Rhône-Alpes et Direction Régionale des Affaires Culturelles - et du Cercle Poussin.

Présentées à l’occasion du nouvel accrochage des salles du XXe siècle, ces œuvres introduisent ou complètent une exposition qui ne tient pas lieu de rétrospective, à l'image de celle organisée par le Centre Pompidou en 2009, mais qui présente une trentaine des peintures les plus récentes de l'artiste. Ces toiles actualisent la recherche de Pierre Soulages sur l'outrenoir, c'est-à-dire sur les possibilités multiples de faire advenir la lumière au sein du noir, par le travail de la matière.


Commissariat :

Éric de Chassey, Directeur de l’Académie de France à Rome – Villa Médicis, professeur d’Histoire de l’art à l’ENS, Lyon.
Sylvie Ramond, conservateur en chef du patrimoine, directeur du Musée des Beaux- Arts.

Du 12 octobre 2012 au 28 janvier 2013
Information horaires

Exposition ouverte du mercredi au lundi de 10h à 18h, le vendredi de 10h30 à 18h00.
Fermée les mardis et jours fériés. 

Citation
Je ne dépeins pas, je peins. Je ne représente pas, je présente [...] La peinture est l’état d’absence de mots, ce que je fais n’est pas du domaine du langage.
Auteur citation
Pierre Soulages, 2012
Bloc dossier de l’exposition

Bloc doré - Titre
Jeu Enfants

Bloc doré - Description

Parcourez l'exposition avec vos enfants grâce à un parcours-jeu amusant.
Découvrez ci-dessus les travaux réalisés par les enfants, de retour chez eux après leur visite de l'exposition.

Bloc contenu 2

Vidéos de Pierre Soulages

Archives vidéos de l'INA

  4/  Pierre Soulages à la Biennale d'art contemporain, octobre 1991, 1 minute
  France 3 Centre-Est, 1991

  3/  Pierre Soulages et la technique de la gravure, octobre 1974, 8 minutes
  Magazine Des formes et des couleurs : « Les gravures de Pierre Soulages »,
  Jean-Michel Meurice et Alfred Pacquement, FR3, 1974

  2/  Pierre Soulages et l'utilisation du noir, mars 1968, 11 minutes

  1/  Pierre Soulages dans son atelier à Sète, avril 1961, 8 minutes
  Magazine Terre des Arts : « L’art abstrait en question », Michel Mitrani, 1961

 

 

 


La presse en parle

France Info : Écouter l'émission Sortir, écouter, voir "Le noir et la lumière de Pierre Soulages", jeudi 22 Novembre 2012
Entretien avec Pierre Soulages par Claire Baudéan (50 mn)

Le Monde : "A 92 ans, Soulages remet du blanc dans son noir"

France Inter L’humeur vagabonde consacrée à l’exposition Soulages XXIe siècle, lundi 15 octobre dernier (50mn). Podcaster ici

La Tribune de Lyon : Interview de Pierre Soulages : “Ma peinture est populaire parce qu'elle touche quelque chose de profond qui nous est commun à tous.”

France 3 interviewe Pierre Soulages

Télécharger l'appli Soulages sur l'Appstore et Playstore

  Appli Soulages sur Playstore

 

  Appli iPhone sur l'Appstore

 

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Exposition Métissages

Visuel principal
Introduction

L’exposition Métissages propose la découverte des collections singulières d’un couple de collectionneurs, amateurs passionnés et donateurs : Denise et Michel Meynet. Constituées d’œuvres d’art où le matériau joue souvent le premier rôle, elles présentent des objets d’origines diverses, de l’art africain à la culture urbaine en passant par la céramique et les estampes contemporaines. En 2011, Denise et Michel Meynet ont fait une importante donation de céramiques au musée. Quelques pièces seront révélées au public à l'occasion de l'exposition.

Du 22 février 2013 au 19 mai 2013

Les univers s’y entremêlent : une marionnette ou une pirogue bozo, un tabouret dogon (Mali), une poupée de fertilité en os du Sénégal partagent le même espace que les céramiques contemporaines de Champy, Virot ou Deblander. Quelques meubles japonais côtoient art toys et estampes du XXe siècle. Certaines pièces sont elles-mêmes issues de croisements : objets traditionnels africains marqués par l’empreinte occidentale, parfois faits de matériaux modernes (plastique, canette), œuvres occidentales réalisées à partir de matériaux de récupération…

Exigeants, Denise et Michel Meynet ont acquis leurs céramiques auprès des meilleurs galeristes spécialisés. Concernant leur collection d’art africain, ils se qualifient comme un « couple d’autodidactes » se lançant dans une collecte plutôt raisonnée : les objets sont documentés, inventoriés et classés.

Ce n’est pas l’œuvre d’art qui est recherchée à tout prix mais l’objet du quotidien pour ses valeurs d’usage, l’étrangeté du parti plastique adopté par leur auteur. La collection est avant tout un cadre de vie nécessaire : « il nous faut au moins 200 pots pour vivre » déclare Michel Meynet, et leur collection de céramiques, dont une partie fut généreusement offerte en don au musée en 2011, a pu atteindre 600 numéros. Les œuvres se répondent dans des installations sans cesse renouvelées. L’exposition souligne ces dialogues d’où naissent des tableaux scénographiques chaque fois inédits, comme autant de métissages.

Avec Métissages, les collections Denise et Michel Meynet, le musée des Beaux-Arts de Lyon poursuit un cycle d’expositions consacré aux collectionneurs privés, initié en 2010 avec  Un siècle de paysages et poursuivit l’année suivante avec  Ainsi soit-il, Collection Antoine de Galbert, extraits.

Commissariat de l'exposition
Salima Hellal, conservateur du patrimoine, chargée des collections d'objets d'art, musée des Beaux-Arts de Lyon

 

Catalogue de l’exposition
Sous la direction de Salima Hellal
Editions Fage, 168 pages, 25€
A lire chez Fage éditions - musée des Confluences
L'Art colon de Denise et Michel Meynet

Bloc dossier de l’exposition
Bloc contenu 2

Parcours dans l'exposition

Les quatre premières sections de l’exposition sont présentées au deuxième étage du musée, dans la salle des expositions-dossiers. La section intitulée Métis est présentée au même étage, dans la salle 200.

Bracelets de prêtresse vaudou, Bénin, peuple Fon. 1ère moitié du XXe siècle. Métal à forte teneur en argent (avec le cas échéant des pièces françaises ou anglaises) © Collection Meynet – Photos Alain Basset
Bracelets de prêtresse vaudou
Bénin, peuple Fon. 1ère moitié du XXe siècle. Métal à forte teneur en argent (avec le cas échéant des pièces françaises ou anglaises)
© Collection Meynet – Photos Alain Basset

1. Séries

Avec Métissages, les collections Denise et Michel Meynet, le musée des Beaux-Arts de Lyon poursuit un cycle d’expositions consacré aux collectionneurs privés. L’exposition propose la découverte des collections singulières de ce couple où les univers s’entremêlent. Constituées par deux personnes, les collections Meynet abordent des domaines très variés : art asiatique et africain, céramiques et estampes contemporaines. Dans chacun de ces corpus, des ensembles sont construits. Selon le couple, l’objectif de la collection n’est pas l’accumulation mais l’amélioration des ensembles déjà constitués. Ceux-ci évoluent, des pièces pouvant être vendues ou données. En 2000, Denise et Michel Meynet ont ainsi fait une donation de 685 objets africains au musée Guimet de Lyon futur musée des Confluences. En 2011, ils ont gratifié le musée des Beaux-Arts d’un bel ensemble de céramiques contemporaines.

Ces libéralités permettent à Denise et Michel Meynet d’aborder en pionniers des territoires nouveaux, peu explorés : œuvres de céramistes contemporains, art africain dit « colon » car fortement marqué par l’empreinte occidentale due à la colonisation, Street Art enfin, chaque territoire se distinguant en séries dans leurs collections.


 

Vannerie pour ikebana. Japon, XXe siècle. Bambou tressé © Collection Meynet – Photo Alain Basset
Vannerie pour ikebana. Japon, XXe siècle. Bambou tressé

2. La beauté de l’ordinaire

Les collections Meynet sont nées de la fascination du couple pour le Japon, en particulier pour « l’art populaire » de ce pays, une notion créée au début du XXe siècle par Soetsu Yanagi (1889-1961). Cet intellectuel japonais a inventé un néologisme pour le désigner : mingei, composé du min de minshu (peuple) et du gei de kogei (artisanat).

Selon lui, les objets mingei sont ceux dont se servent au quotidien les gens du peuple. Leurs créateurs sont des artisans anonymes qui ont accordé une grande attention à leur fabrication. Les caractéristiques de l’objet mingei sont le naturel, la droiture, la simplicité, la solidité : « c’est une beauté de l’ordinaire », écrit l’érudit.

L’originalité de Denise et de Michel Meynet est d’avoir transposé les critères du mingei japonais aux objets africains du quotidien, peu convoités lorsqu’ils commencent leur collection au début des années 1990. Chaque objet a été choisi parce qu’il porte une patine, témoin du temps, des traces d’usage, souvenirs de sa fonction première. L’objet est beau pour les qualités d’exécution mises en œuvre et dans sa simplicité.







 


 

Poupées. Nigeria, 2e moitié du XXe siècle. Os, cuir, perles, cauris, anneaux en laiton, monnaies datées de 1949, 1951 et 1952 © Collection Meynet – Photo Louis Houdus
Poupées. Nigeria, 2e moitié du XXe siècle. Os, cuir, perles, cauris, anneaux en laiton, monnaies datées de 1949, 1951 et 1952

3. Matières

Pour constituer leurs collections, Denise et Michel Meynet ont été portés par leur goût pour la matière et les techniques : le bois, le métal, l’ivoire, la céramique. Ils ont recherché les objets patinés par le temps et l’usage et ceux réalisés à partir de matériaux insolites.

À cet égard, les Meynet peuvent être regardés comme les héritiers des « curieux » de la Renaissance et du Grand Siècle. Ces périodes voient se former les premières grandes collections encyclopédiques : il ne s’agit pas de réunir uniquement des œuvres d’art mais bien d’illustrer la diversité du monde. Cette dimension de speculum mundi, de miroir du monde, est alors assumée par le « cabinet de curiosités » qui distingue l’artifice et la nature : d’un côté la matière transformée par l’homme et de l’autre les matières naturelles. Les savants comme les princes rassemblent les curiosités les plus hétéroclites en privilégiant les objets inclassables, les artéfacts et les matières exotiques comme l’ivoire d’éléphant ou l’œuf d’autruche, parfois pris pour l’œuf d’un griffon ou d’un autre animal fabuleux.



 

Dans la collection Meynet, certains objets oscillent entre naturalia et artificialia : l’œuf d’autruche transformé en flacon par les populations bochimans qui l’utilisent comme « boîte à riz », un bouclier provenant d’Afrique de l’est fabriqué à partir d’une carapace de tortue, ou encore des fémurs, devenus des poupées de fertilité au Nigeria.


4. Formes/ Volumes/ Couleurs

Dieu vaudou Dan sous son aspect femelle. Bénin (département de Zou, village Tindji), peuple Fon. 20e siècle. Fer forgé, plumes et charge magique. Lyon, musée des Confluences © Département du Rhône - musée des Confluences / Photo Patrick Ageneau
Dieu vaudou Dan sous son aspect femelle. Bénin (département de Zou, village Tindji), peuple Fon. 20e siècle. Fer forgé, plumes et charge magique. Lyon, musée des Confluences

Comme dans les cabinets de curiosités d’autrefois ou les compositions des artistes surréalistes, les collections Meynet font coexister des œuvres produites par des artistes occidentaux et par des cultures lointaines. De ces rapprochements naissent des affinités qui ne sont pas fortuites.

Depuis la découverte de l’art africain par les artistes modernes, l’art occidental s’est en effet affranchi des conventions de la représentation classique héritées de l’art gréco-romain. Pablo Picasso, Georges Braque, Henri Matisse, André Derain ont admiré les premiers l’originalité plastique de l’art africain. Ils ont trouvé dans les masques des peuples baoulé, ibo et fang une source exceptionnelle d'inspiration. L’adoption des principes propres aux arts dits alors « primitifs » explique la naissance du cubisme, lequel a ouvert la voie à plusieurs courants artistiques majeurs du XXe siècle, dont l’abstraction.

Denise et Michel Meynet ont acquis exclusivement des objets et des œuvres présentant à leurs yeux un équilibre parfait entre la forme et le volume. La couleur est également importante, même si elle n’est pas primordiale dans le choix de l’objet. Les collections comptent ainsi un grand nombre d’objets blancs. Dans l’art africain, le blanc, traditionnellement obtenu grâce au kaolin ou à la craie, est lié aux ancêtres, aux dieux, à la mort associée à l’idée de renaissance. Le noir, fabriqué à partir du noir de fumée, du charbon de bois ou des écorces de liane, suggère les ténèbres et la sorcellerie.






 


5. Métis

Les premiers contacts entre Africains et Européens remontent au XVe siècle, quand les Portugais s’aventurent le long du littoral occidental de l’Afrique. Les ivoires afro-portugais, qui combinent motifs d’inspiration africaine et occidentale, sont les premiers objets « métissés » nés de cette rencontre.

Armand Avril (né en 1926), Barque des morts. 2010. Bois et tissus peints © Collection Meynet  -Photo Louis Houdus.
Armand Avril (né en 1926)
Barque des morts. 2010. Bois et tissus peints

Rapidement, les grandes puissances européennes implantent des comptoirs commerciaux et tirent profit, grâce au troc, des ressources locales (y compris des vies humaines dans le cadre de la « traite négrière »). Les Africains sont fascinés par la supériorité matérielle des Britanniques, des Hollandais ou des Français qui impressionnent avec leurs navires imposants, leurs armes à feu et leurs monnaies.

À la fin du XIXe siècle, le partage des territoires de l’Afrique est officialisé et, dès le début du siècle suivant, l’art africain est fortement marqué par la présence coloniale. Les artistes produisent des statuettes que les Européens ont qualifiées de "colons" car ils les ont interprétées, souvent à tort, comme des portraits d’hommes blancs. Couverts de peinture industrielle, ces personnages à la peau noire, sculptés en ronde-bosse, sont vêtus "à l'occidentale" et arborent des signes de modernité et de réussite sociale (vêtements à la mode, coiffures plaquées, accessoires tels que montres et sacs à main). Réciproquement, certains artistes occidentaux du XXe siècle se sont inspirés de l’art africain, et notamment de l’art de la récupération, pour créer des œuvres qui intègrent des objets ou des matériaux détournés de leur usage premier. Ces objets « Métis » occupent une place de choix dans la collection du couple Meynet et font l’objet d’une scénographie particulière dans l’exposition dans la salle 200.

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Joseph Cornell et les surréalistes à New York

Dalí, Duchamp, Ernst, Man Ray...
Visuel principal
Introduction

L’exposition Joseph Cornell et les surréalistes à New York s’intéresse à l’œuvre de l’artiste américain, pionnier du collage, du montage et de l’assemblage, des années 1930 à 1950.

Elle propose de situer son œuvre dans le contexte du surréalisme, courant qui connaît alors son apogée aux États-Unis. Près de 200 œuvres seront montrées parmi lesquelles des pièces majeures de Joseph Cornell (1903-1972), mais aussi d’artistes emblématiques du surréalisme comme Salvador Dalí, Marcel Duchamp, Max Ernst et Man Ray alors installés à New York.

Cette exposition est la première consacrée à Cornell dans un musée français depuis l’exposition itinérante organisée par le Museum of Modern Art de New York et présentée au Musée d’Art Moderne de Paris en 1981.

 

Souvent présenté comme un satellite dans la constellation surréaliste, Joseph Cornell est une figure essentielle de la création en Europe et aux États-Unis après la Seconde Guerre mondiale. L’exposition se concentre sur les années 1930-1950, qui correspondent aux années de maturité de l’œuvre de l’artiste et à une phase de diffusion importante du surréalisme aux États-Unis.

Le travail de Joseph Cornell se caractérise par la diversité et l’interrelation des pratiques et des formats en deux et trois dimensions : collages, pièces et boîtes réalisées à partir d’objets trouvés. L’artiste utilise aussi la photographie et le cinéma, ses « films collages » sont novateurs, ainsi que ce qu’il appelait ses « explorations », archives en tout genre de documents imprimés.

Le surréalisme a eu une influence déterminante sur l’œuvre de Joseph Cornell. Il est à l’origine de sa méthode de travail : le collage et les processus associés que sont le montage, la construction et l’assemblage. Si Cornell doit beaucoup au surréalisme -notamment sa conception fondamentale de l’image comme produit de la juxtaposition poétique-, l’inverse est également vrai. L’exposition permettra de mieux comprendre ce que l’artiste a apporté au courant. Parallèlement, elle montrera le trajet artistique et poétique très personnel de Cornell, entre les scènes artistiques européenne et américaine puis dans ces temps de fracture provoqués par le conflit mondial et dont l’année 1945 est l’emblème.

L’exposition est organisée en collaboration avec le Fralin Museum of Art, University of Virginia et avec le concours de collections françaises et étrangères, publiques et privées. Elle sera présentée du 7 mars au 8 juin 2014 au Fralin Museum of Art dans une version adaptée. Cette manifestation est organisée avec le soutien de Terra Foundation for American Art et du réseau de coopération culturelle FRAME (French Regional American Museum Exchange).

Joseph Cornell, Untitled (Tilly Losch), vers 1935 © The Joseph and Robert Cornell Memorial Foundation / ADAGP, Paris 2013 Photo © Mark Gulezian, QuickSilver Photographers LLC
Joseph Cornell
Untitled (Tilly Losch), vers 1935 © The Joseph and Robert Cornell Memorial Foundation / ADAGP, Paris 2013 Photo
(c) Mark Gulezian, QuickSilver Photographers LLC

Commissariat :

Sylvie Ramond, conservateur en chef du patrimoine, directeur du musée des Beaux-Arts de Lyon
Matthew Affron, Muriel and Philip Berman Curator of Modern Art, Philadelphia Museum of Art

Recherches et collaborations scientifiques :

Un colloque aura lieu en France, à l’Institut National d’Histoire de l’Art (INHA), le 7 février et à Lyon le 8 février 2014, et aux États-Unis au printemps 2014, grâce à une collaboration entre le Fralin Museum of Art et le Virginia Museum of Fine Arts de Richmond, en Virginie.

Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication/Direction générale des patrimoines/Service des musées de France. Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’Etat.

Du 18 octobre 2013 au 10 février 2014
Information horaires

Exposition ouverte du mercredi au lundi de 10h à 18h, le vendredi de 10h30 à 18h00.
Fermée les mardis et jours fériés. 

 

Bloc contenu

Parcours de l'exposition

"Révélation[,] monde du surréalisme –âge d’or– monde de magie blanche sans lequel je ne sais pas où diable je serais aujourd’hui" Joseph Cornell, extrait d’un volume de ses journaux, sans date

1- Les surréalistes à New York

Joseph Cornell, Surréalisme, 1931-1932, Collage © ADAGP, Paris, 2013 / The Joseph and Robert Cornell Memorial Foundation, coll. part.
Joseph Cornell
Surréalisme, 1931-1932, Collage
© ADAGP, Paris, 2013 / The Joseph and Robert Cornell Memorial Foundation, coll. part.

Dans les années 1930 et 1940, le surréalisme bénéficie à New York du soutien d’artistes, de poètes et d’écrivains, de marchands d’art, de galeristes et de conservateurs de musées. Joseph Cornell participe pleinement à ce réseau : l’âge d’or du surréalisme aux États-Unis est le cadre du développement et de l’épanouissement de sa personnalité d’artiste.

En novembre 1931, Cornell fait la connaissance de Julien Levy, qui lui sert de passeur vers le monde surréaliste.Levy présente les œuvres de Cornell dès la première exposition surréaliste à New York, qui se tient dans sa galerie en janvier 1932, et pendant une douzaine d’années après cela. Cornell entretient également des relations avec les deux autres grandes figures institutionnelles du surréalisme : Alfred H. Barr Jr. au Museum of Modern Art de New York et A. Everett Austin au Wadsworth Atheneum de Hartford (Connecticut).

Le cercle surréaliste new-yorkais de Cornell s’agrandit à la fin des années 1930 suite à l’exil aux États-Unis de figures telles que Marcel Duchamp et Peggy Guggenheim. Cette dernière présente son œuvre dans sa galerie Art of This Century, principale vitrine du surréalisme à New York de 1942 à 1947. L’exposition personnelle de Cornell organisée en 1949 à la galerie Hugo à New York est la dernière présentée dans un lieu associé au surréalisme.


 


 

Joseph Cornell Untitled (Sand Box), vers 1950 Charlottesville, University of Virginia Art Museum, Bequest of Buzz Miller. The Alan Groh-Buzz Miller Collection © ADAGP, Paris, 2013
Joseph Cornell
Untitled (Sand Box), vers 1950 Charlottesville, University of Virginia Art Museum, Bequest of Buzz Miller. The Alan Groh-Buzz Miller Collection
© ADAGP, Paris, 2013

2- Objets

La construction de boîtes vitrées, qui fait la réputation de Joseph Cornell, apparaît dans l’œuvre de l’artiste en 1936 et demeure un aspect essentiel de sa production jusqu’au début des années 1960.

Son utilisation de l’objet trouvé remonte toutefois à 1932, avec notamment l’utilisation de cloches de verre. comme l’illustre une série de photographies prises par Lee Miller.

Deux autres catégories d’objets sont utilisées dès l’origine de ce travail : les « menus détails » (minutiae), petites boîtes à pilules renfermant des objets plus petits encore, et les coffrets plats et vitrés, parfois appelés « objets de poche ».

Bien que les objets utilisés par Cornell dans les années 1930 et 1940 soient d’une grande variété, ils témoignent de préoccupations constantes : la découverte de la poésie dans le quotidien, le merveilleux produit par les appareils en mouvement, l’expérience du toucher et l’éveil d’autres sens, ou encore la subversion des définitions conventionnelles de l’œuvre d’art.

Bel Echo Gruyère comporte le mécanisme d’un jouet en forme de vache. Novalis et Hölderlin Object montrent l’intérêt persistant de Cornell pour les coffrets anciens, alors qu’il fabrique lui-même ses propres boîtes. Les boîtes de sable laissent découvrir de brillants petits paysages marins aux trésors enfouis.


 

Joseph Cornell Untitled (Schooner), 1931 Collage. Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Smithsonian Institution, Washington, DC, Joseph H. Hirshhorn Bequest Fund and partial gift from the daughter of June W. Schuster in honor of her Mother, Adagp Paris 2013
Joseph Cornell
Untitled (Schooner), 1931 Collage. Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Smithsonian Institution, Washington, DC, Joseph H. Hirshhorn Bequest Fund and partial gift from the daughter of June W. Schuster in honor of her Mother, Adagp Paris 2
Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Smithsonian Institution, Photography by Cathy Carver

3- Collages

Quelques jours après l’ouverture de la galerie de Julien Levy en novembre 1931, Joseph Cornell lui montre ses premiers collages. Les œuvres de l’artiste entretiennent à leur début une proximité troublante avec celles de Max Ernst et notamment avec son roman-collage La Femme 100 têtes, dont il retient l’iconographie issue des gravures du XIXe siècle.

Cornell réalise par la suite de nombreuses œuvres relevant de la pratique du collage chère à des écrivains et artistes surréalistes tels qu’André Breton, Max Bucaille, Paul Éluard et Valentine Penrose. En 1933, il renouvelle son travail avec la première série à introduire la couleur et à porter un titre, emprunté aux Lettres d’un alphabet de Raymond Radiguet. Il rend un ultime hommage à Ernst dans un photomontage inspiré de ses romans- collages : Story Without a Name – for Max Ernst [Une histoire sans nom - pour Max Ernst], publié dans la revue View en avril 1942, l’année même où Cornell rencontre l’artiste. Après cette date, le recours au collage se fait plus rare.

En janvier 1943, Cornell réalise un numéro spécial pour View, intitulé « Americana Fantastica »,dont il élabore la couverture avec un collage évoquant la vie américaine et les merveilles du pays. Ce n’est que dans les années 1950, alors que Cornell peine à trouver des matériaux pour ses boîtes, qu’il reviendra pleinement à la pratique du collage.


Visiteurs devant un tableau de Tanguy
Visiteurs devant un tableau de Tanguy

4a- La constellation surréaliste

En France, la publication du Manifeste du surréalisme d’André Breton en octobre 1924 officialise le mouvement qui y est défini comme « automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée ». Puisant dans l’œuvre plastique de Giorgio De Chirico une inspiration renouvelée, le surréalisme réunit poètes et peintres, de Paul Éluard à Max Ernst, auxquels se joignent par la suite Salvador Dalí, Mina Loy, René Magritte, Pierre Roy ou encore Yves Tanguy, autant de personnalités qui participent à l’éclatement de ce noyau originel en une véritable constellation.

En novembre 1931, Julien Levy fait de sa galerie à New York un point de rayonnement du surréalisme outre-Atlantique, un lieu par l’entremise duquel Joseph Cornell découvre le mouvement et se lie d’amitié avec certains de ses acteurs. Cette rencontre détermine sa méthode de travail qui se porte désormais sur la pratique du collage, du montage, de la construction et de l’assemblage. Si l’artiste américain retient du surréalisme certains agencements formels et un goût pour la surprise que crée le décalage des motifs, il entend explorer une part plus poétique de l’imaginaire. En satellite de la constellation, Cornell s’inscrit dans le mouvement tout en le renouvelant par l’élaboration d’un art qui en appelle à « la magie blanche ».

Man Ray, Objet indestructible, 1923-1933 [1965], Assemblage, 22,7 × 10,7 × 11 cm. Paris, Galerie Eva Meyer © MAN RAY TRUST / ADAGP, Paris, 2013 © Marc Domage
Man Ray
Objet indestructible, 1923-1933 [1965], Assemblage, 22,7 × 10,7 × 11 cm. Paris, Galerie Eva Meyer © MAN RAY TRUST / ADAGP, Paris, 2013
Photo Marc Domage

4b- La constellation surréaliste

La préface au premier numéro de la revue La Révolution surréaliste de décembre 1924, signée par les artistes et poètes Jacques-André Boiffard, Paul Éluard et Roger Vitrac, affirme l’adéquation de l’acte surréaliste et de l’objet : « Toute découverte changeant la nature, la destination d’un objet ou d’un phénomène constitue un fait surréaliste ».

Dès le printemps 1931, André Breton et Man Ray sont les acteurs majeurs de cette pratique qui fait écho à la libre association de mots ou d’idées dominant, selon le psychanalyste Sigmund Freud, l’activité inconsciente et le monde des rêves. Leurs œuvres, des objets « trouvés », photographiés, transformés ou créés, répondent à une logique anti-utilitaire et cherchent à produire l’étonnement.

En parallèle de ces réalisations avec lesquelles il entretient une proximité troublante, Joseph Cornell développe dès 1932 les fondements de son art de l’objet. à partir d’éléments collectés au gré de ses errances dans Manhattan, il compose des assemblages qui mêlent insolite et familiarité. Tandis que ce jeu l’inscrit dans la tradition de l’objet surréaliste, la liberté qui émane de ses compositions fait de Cornell l’un de ces expérimentateurs qui fraye, en marge des mouvements, de nouvelles voies formelles et poétiques.


5- Joseph Cornell et le cinéma. La révélation de Rose Hobart

D’abord cinéphile Joseph Cornell devient un acteur du monde du cinéma en décembre 1936 quand son marchand, Julien Levy, présente la première de Rose Hobart. Reconnu aujourd’hui comme une référence dans le genre de film-collage, il est essentiellement composé de séquences empruntées à East of Borneo, un mélodrame d’aventure sorti en 1931.

Avec Rose Hobart, Cornell transforme totalement le film d’origine. Les images sont extraites de leurs séquences initiales et la vitesse de projection est ralentie pour réduire la cadence de l’action. Le film est diffusé à travers un filtre bleu, qui teinte les images d’une légère mélancolie. Enfin, la bande sonore d’origine est remplacée par de la musique latine. Le résultat est un hommage à Rose Hobart, actrice incarnant le personnage féminin principal, dont l’apparence et les gestes, détachés de leur contexte initial, sont imprégnés d’une aura de mystère et de rêverie.

Levy est le premier à projeter Rose Hobart en 1936 avec deux autres films expérimentaux qui attirent également l’attention sur l’aspect éphémère de l’illusion produite par les films, tout en traitant des thèmes de la passion et du désir. Anémic Cinéma de Marcel Duchamp alterne des disques imprimés de calembours et de spirales, qui créent des effets d’illusion.L' Étoile de mer de Man Ray, réalisé à partir d’un scénario de Robert Desnos, génère un effet d’étrangeté en partie par l’utilisation d’objectifs qui déforment l’image.


Manipulation de la boîte Sand Box de Charlottesville, University of Virginia Art Museum
Manipulation de la boîte Sand Box de Charlottesville, University of Virginia Art Museum

6- L'image en mouvement

Le mouvement est un aspect essentiel de nombreuses constructions de Joseph Cornell, qui suscitent le désir de manipuler les œuvres d’art et de mettre en action les mécanismes, comme on le ferait avec un jouet. La figure aux membres articulés d’Untitled (Harlequin Jumping Jack) [Untitled (Harlequin Jumping Jack)] représente ainsi une marionnette dans un décor de théâtre, qui sautille quand on tire sur sa ficelle. Untitled (Game) [Sans titre(Jeu)] est semblable à un jeu d’arcade dont le plateau est entouré de verre.

Á l’instar du poète et critique Charles Baudelaire, Cornell voit dans le jouet une initiation primitive à l’art et pense que le jeu met en œuvre les possibilités les plus élevées de l’imagination. Baudelaire vantait aussi les mérites des jouets optiques pour leur capacité à entretenir le goût du merveilleux. Cette conception est mise à l’épreuve par “Le Voyageur dans les glaces” Jouet surréaliste, thaumatrope-jouet vendu dans le commerce, dont les disques en rotation portent des images choisies par Cornell.

Beehive (Thimble Forest) [Ruche (Forêt de dés à coudre)] est une boîte de bois en forme de tambour dans laquelle une petite ouverture permet l’observation. Elle évoque le zootrope, jouet optique du XIXe siècle servant à animer des images fixes pour leur donner l’illusion du mouvement. Ces œuvres font écho aux explorations de Marcel Duchamp dans le domaine des gadgets optiques, dont témoignent les Rotoreliefs et les Études pour disques optiques.


7- Cornell / Duchamp

Marcel Duchamp, De ou par Marcel Duchamp ou Rrose Sélavy, ou Boîte-en-valise, 1936-1941
Marcel Duchamp
De ou par Marcel Duchamp ou Rrose Sélavy, ou Boîte-en-valise, 1936-1941

La complicité de Joseph Cornell avec Marcel Duchamp débute en 1933 et dure quelques 35 années. Leur première rencontre aurait eu lieu à l’exposition Constantin Brancusi organisée par Duchamp à la galerie Brummer à New York. Une étroite association artistique s’établit entre les deux artistes pendant les années où Duchamp réside à New York, de juillet 1942 à avril 1946. Duchamp engage Cornell, devenu expert en confection de boîtes, pour l’aider à fabriquer son musée portatif de répliques en miniature De ou par Marcel Duchamp ou Rrose Sélavy, œuvre aussi connue sous le titre Boîte-en-valise.

Au début des années 1940, des expositions communes organisées par la galerie de Julien Levy ou celle de Peggy Guggenheim, Art of This Century, offrent la possibilité au public de découvrir les nombreux aspects de l’esthétique partagée par Cornell et Duchamp. Ceci comprend les recherches sur le verre comme matériau (Pharmacy [Pharmacie] de Cornell, 1943), l’intégration de l’objet trouvé, l’intérêt pour les éléments cinétiques et le mouvement, les références à l’histoire des appareils optiques, le musée miniature (boîtes Museum de Cornell), et la constitution d’archives non-linéaires, sans début ni fin, considérées comme une œuvre d’art (The Crystal Cage (Portrait of Berenice) [La Cage de cristal (Portrait de Bérénice)]).

 

Joseph Cornell, Bookstalls, années 1940, film 16 mm transféré sur DVD, muet, 11 min. New York, courtoisie Anthology Film Archives © The Joseph and Robert Cornell Memorial Foundation / ADAGP, Paris 2013 © Anthology Film Archives
Joseph Cornell
Bookstalls, années 1940, film 16 mm transféré sur DVD, muet, 11 min. New York, courtoisie Anthology Film Archives
© The Joseph and Robert Cornell Memorial Foundation / ADAGP, Paris 2013© Anthology Film Archives

8- Joseph Cornell et le cinéma. Les films collages

Cornell admire les pionniers du cinéma -les frères Auguste et Louis Lumière, Georges Méliès, Ferdinand Zecca, Émile Cohl- pour leur sens authentique de l’amusement et de la tromperie visuelle. Cette sensibilité s’applique à des films-collages plus courts des années 1930 et 1940, dont certains sont achevés vers la fin des années 1960 par le réalisateur Lawrence Jordan d’après les consignes de Cornell.

Ils recyclent des bribes de pellicules issues de la collection de Cornell de comédies, documentaires, et contes de fées animés, ainsi que des séquences avec des animaux, des acrobates et des enfants-artistes. Certains sont muets et d’autres sonores, mélangeant différents styles musicaux. Ces films entretiennent un lien fort avec les traditions anciennes de spectacle et de divertissement qui ouvrent la voie au cinéma, tel la fête foraine, le vaudeville et les spectacles de magie.

Thimble Theater [Thimble Theater] incorpore des séquences de Tom Whisky ou l’illusionniste toqué, un film de Méliès de 1899 sur la prestation d’un magicien qui danse sur scène. Ces films révèlent un autre aspect de l’origine du cinéma : l’histoire des jouets optiques qui animent l’image. La circularité structurelle de By Night with Torch and Spear [Durant la nuit, avec torche et lance] peut être reliée aux images qui forment une boucle de manière répétitive que produisent les vieux zootropes et autres jouets optiques. Il en va de même pour la répétition – de coupes et d’images – dans The Midnight Party [La Fête de minuit].


9- Joseph Cornell et les néo-romantiques

En 1926, la galerie Druet à Paris présente une exposition regroupant les oeuvres d’Eugene et Leonid Berman, Christian Bérard, Pavel Tchelitchev et Kristians Tonny – que le critique Waldemar George regroupera sous le terme de « néo-romantiques » pour qualifier un travail commun de réappropriation de la figure humaine, qui culmine dans une atmosphère d’intense mélancolie. Joseph Cornell prend connaissance de l’oeuvre de ces artistes lors de l’exposition Twenty-Five Years of Russian Ballet [Vingt-cinq ans de Ballets russes]qui se tient en 1933 à la galerie de Julien Levy et présente la collection du chorégraphe Serge Lifar composée de maquettes, costumes et dessins réalisés par certains d’entre eux. Cette découverte, fondamentale pour Cornell, coïncide avec l’émergence du thème de la danse et du mythe de la ballerine dans son œuvre. En 1936, Levy invite Leonor Fini à présenter son travail au sein de sa galerie. Au début de l’année 1937, elle se rend à New York et, escortée par Tchelitchev, sillonne la ville. Bien que Cornell ne la rencontre jamais, il est fasciné par cette artiste avec laquelle il partage une même recherche de l’émotion et de l’intensité poétique. Par l’entremise essentielle de Levy et de la Hugo Gallery, également située à New York, une véritable communauté d’esprit s’instaure entre ces artistes et Cornell. Des affinités se donnent à lire dans leur position commune en marge du surréalisme et leurs démarches singulières, impossibles à réduire à un seul mouvement.

 


Joseph Cornell, Untitled (Hôtel du Nord), vers 1954, Suisse, Coll part © ADAGP, Paris, 2013
Joseph Cornell
Untitled (Hôtel du Nord), vers 1954, Suisse, Coll part
Nicolas Crispini

10- Après le surréalisme

À l’issue de la fin de la Seconde Guerre mondiale, les surréalistes quittent les États-Unis et amorcent leur retour en France. Témoignant de ce déplacement de la géographie artistique, l’œuvre de Joseph Cornell tend à s’éloigner de ses références premières et à puiser son inspiration dans la création américaine contemporaine.

En décembre 1949, l’exposition Aviary by Joseph Cornell [Volière de Joseph Cornell] à l’Egan Gallery de New York présente le travail récent de l’artiste, où le goût du détail anecdotique disparaît en faveur d’un arrangement des formes, lignes et volumes proche de l’expressionnisme abstrait qui se développe alors sous l’égide du peintre américain Jackson Pollock.

Ce renouvellement formel se voit aussi motivé par la difficulté pour Joseph Cornell de trouver, en ce début des années 1950 marquées par la reconstruction d’après-guerre, des objets en provenance d’Europe. Si l’artiste travaille principalement à recycler d’anciennes boîtes comme ses Soap Bubble Sets [Nécessaires à bulles de savon] ou ses Medici Slot Machines [Machines à sous Médicis] utilisant des reproductions de peintures de la Renaissance, il élabore quelques nouvelles séries dans une même veine d’épuration, comme les Dovecotes [Colombiers] ou les Hôtels. Á travers ces séries tardives, Joseph Cornell dévoile son œuvre la plus personnelle : s’ouvrant à des sources d’inspirations démultipliées, il les assimile pour annoncer des mouvements aussi divers que le pop art et le minimal art.

 

 

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Jacqueline Delubac

Le choix de la modernité. Rodin, Lam, Picasso, Bacon
Visuel principal
Introduction

En insistant sur l’audace des choix de Jacqueline Delubac (1907-1997), l’exposition a permis de présenter à la fois la comédienne, la femme « la plus élégante de Paris » mais aussi et surtout l’amatrice d'art qui légua trente-huit œuvres de première importance au musée des Beaux-Arts de sa ville natale en 1998.

 

Jacqueline Delubac quitte Valence pour Paris dans les années 20, où sa carrière théâtrale débute en 1931 avec une pièce de Sacha Guitry (1885 – 1957). Devenant la troisième épouse de l’auteur en 1935, elle emménage dans son hôtel particulier et vit alors entourée d’œuvres d’art. À la scène comme à la ville, la comédienne incarne l’élégance et l’avant-garde de la mode. Après avoir interprété vingt-sept rôles au théâtre et joué dans vingt-cinq films, Jacqueline Delubac, séparée de Sacha Guitry en 1939, interrompt sa carrière au début des années 50. Elle entreprend aussitôt de constituer sa propre collection d’œuvres d’art et devient une figure du Tout-Paris. Elle partage sa nouvelle passion avec son nouveau compagnon Myran Eknayan, lui-même collectionneur, qu’elle épouse sur le tard, en 1981.

Dès 1988, l’ancienne comédienne originaire de Lyon commence à penser à l’avenir de ses collections. Sans héritier, elle souhaite les transmettre à une institution publique. Après sa mort, le musée des Beaux-Arts de Lyon reçoit ainsi trente-cinq tableaux ou pastels de Monet, Manet, Renoir, Degas, Bonnard, Vuillard, Léger, Braque, Picasso, Miró et Bacon... Ce legs exceptionnel, complété par quelques bronzes de Rodin et les tableaux du XIXe siècle ayant appartenu à Myran Eknayan, est révélé au public en 1998 dans les salles du musée tout juste rénové. Le legs de Jacqueline Delubac permet depuis au musée des Beaux-Arts de Lyon de présenter la première collection impressionniste hors de Paris, tandis que les œuvres modernes et contemporaines offrent des grands jalons de l’art du XXe siècle.

Intérieur de Jacqueline Delubac, vue du grand salon, photographie couleur, Collection particulière. (c) DR
Intérieur de Jacqueline Delubac
vue du grand salon, photographie couleur, Collection particulière.
(c) DR
Du 7 novembre 2014 au 16 février 2015
Information horaires

Exposition ouverte du mercredi au lundi de 10h à 18h, le vendredi de 10h30 à 18h00.
Fermée les mardis et jours fériés. 

Roger Kahan, Jacqueline Delubac (détail), Paris, BnF, Arts du spectacle, Fonds Guitry. Droits réservés (c) Succession Delubac
Roger Kahan
Jacqueline Delubac (détail), Paris, BnF, Arts du spectacle, Fonds Guitry. Droits réservés
(c) Succession Delubac
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Parcours de l’exposition

Vous serez invité(e) à découvrir l’univers exceptionnel de Jacqueline Delubac en parcourant des espaces qui évoquent la distribution de son appartement.

PARCOURS

Introduction : historique du legs

Section 1. Un écrin pour les collections (L’entrée)

Section 2. Souvenirs (Le corridor)
1. « Faut-il épouser Sacha Guitry ? »
2. Sur scène et à l’écran

Section3. La collection Myran Eknayan (Le salon rouge)

Section 4. La collection Jacqueline Delubac (Le grand salon)

Section 5. Un « bon œil » (La salle à manger)

Section 6. Dans l’intimité d’une femme mondaine (La chambre à coucher)


L’exposition Jacqueline Delubac, le choix de la modernité. Rodin, Lam, Picasso, Bacon a été réalisée avec le mécénat principal de la Fondation Total.
Avec le soutien exceptionnel du musée d'Orsay.
Merci à nos partenaires UGC et TCL

Partenaires

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L'invention du Passé

Histoires de cœur et d'épée (1802-1850)
Visuel principal
Pierre Révoil, le Tournoi, 1812.
Pierre Révoil,
Le Tournoi, 1812.
Image © Lyon MBA - Photo Alain Basset
Introduction

L’exposition s’est intéressée à la représentation de l’Histoire dans les arts figurés en Europe au XIXe siècle, et plus particulièrement au regard porté par les artistes sur le Moyen Âge, la Renaissance et le XVIIe siècle.

C'est la première exposition depuis plus de quarante ans à être consacrée à ce courant artistique majeur, réunissant dans un vaste panorama Dominique Ingres, Paul Delaroche et leurs contemporains européens. Sous leur pinceau prennent vie les amours et les destins tragiques des rois et des reines, des princesses et des héros, de Du Guesclin à Bayard, de saint Louis à Henri IV, de Jeanne d’Arc à Marie Stuart.

 

L’exposition « Histoires de cœur et d’épée en Europe 1802-1850 », présentée au musée des Beaux-Arts, met en lumière le rôle précurseur de la scène artistique lyonnaise. Une nouvelle peinture d’histoire apparaît autour des artistes associés au « genre anecdotique » et au « genre historique », au lendemain de la Révolution et au temps du romantisme. Près de 200 tableaux, dessins et sculptures montrent comment les artistes, à travers l’Europe, se sont réapproprié des figures et des épisodes marquants d’un passé « national » longtemps délaissé au profit de l’antiquité et de la mythologie, qu’ils redécouvrent et réinventent, pour les retranscrire en un imaginaire renouvelé.

Le musée des Beaux-Arts s’est associé au Monastère royal de Brou à Bourg-en-Bresse qui présentera dans le même temps l’exposition L’Invention du Passé, Gothique mon amour... 1802-1830.

Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication/Direction générale des patrimoines/Service des musées de France. Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’État.

Elle est réalisée avec le soutien de l’Institut national d’histoire de l’art.


Commissariat au musée des Beaux-Arts de Lyon
  • Stephen Bann, professeur émérite en histoire de l’art, Senior Research Fellow, université de Bristol.
  • Stéphane Paccoud, conservateur en chef, chargé des collections de peintures et de sculptures du XIXe siècle, musée des Beaux-Arts de Lyon.
Commissariat au Monastère royal de Brou à Bourg-en-Bresse
  • Magali Briat-Philippe, conservateur du patrimoine, responsable du service des patrimoines du Monastère royal de Brou.
Comité scientifique
  • Gérard Bruyère, documentaliste, musée des Beaux-Arts de Lyon.
  • Marie-Claude Chaudonneret, chercheur au CNRS, centre André Chastel.
  • Barbara Ciciora-Czwórnóg, conservateur, musée national de Cracovie, enseignante à l’université pontificale Jean-Paul II, Cracovie.
  • France Nerlich, maître de conférences en histoire de l’art, université François Rabelais, Tours.
  • Sophie Picot-Bocquillon, documentaliste, département des sculptures, musée du Louvre.
  • Alain Pougetoux, conservateur en chef, musée national des châteaux de Malmaison et Bois- Préau.
Du 19 avril 2014 au 21 juillet 2014
Information horaires

Exposition ouverte du mercredi au lundi de 10h à 18h, le vendredi de 10h30 à 18h00.
Fermée les mardis et jours fériés. 

 

Bloc dossier de l’exposition
Bloc contenu 2

Au même moment, les études historiques connaissent un véritable essor ; Walter Scott et les écrivains romantiques s’emparent dans leurs romans de ces thèmes qui connaissent un vif succès auprès des lecteurs, tandis que le théâtre les met en scène. Bien qu’animés d’un souci de vérité et d’un goût pour les lieux, les décors et les objets de ce passé, les artistes n’hésitent pas néanmoins à les transformer pour créer des images très narratives qui suscitent l’émotion du spectateur. Cette vision picturale créée par les peintres du XIXe siècle marque encore souvent à l’heure actuelle nos perceptions de ces épisodes historiques.


Exposition au Monastère royal de Brou : « L'Invention du Passé. Gothique, mon amour » (jusqu'au 21 septembre 2014)

L'exposition présentée au Monastère royal de Brou, monument à l'architecture gothique et la vocation funéraire affirmée, met l'accent sur la mise en scène du passé à travers ses vestiges matériels, dans la peinture « troubadour ». Le patrimoine, médiéval en particulier, a en effet offert soit un décor, soit un sujet de choix pour les artistes du premier tiers du XIXe siècle.


Histoires mises en scène

Paolo et Francesca, de Jean Auguste Dominique Ingres

Le sujet de ce tableau est inspiré du chant V de L’Enfer de l’écrivain italien Dante. Ingres en retient le moment clé : Francesca, en compagnie de Paolo Malatesta, le jeune frère de son époux Gianciotto, seigneur de Rimini au XIIIe siècle, lit le roman des aventures du chevalier Lancelot du Lac. Parvenant au récit de l'amour de Lancelot pour la reine Guenièvre, tous deux s’aperçoivent de leur propre sentiment et échangent un baiser. Au même moment, le mari jaloux les surprend et, tirant son épée, s’apprête à les tuer.

Ingres réalise une première composition sur le sujet en 1814. Il la retravaillera ensuite à plusieurs reprises pour d’autres versions très différentes dans leurs détails, notamment celle ici présentée, qui s’accompagne d’un cadre néo-gothique dessiné par Claude Aimé Chenavard.


Le Tournoi, de Pierre Révoil

Lors d’une joute à Rennes en 1337, un chevalier à l’identité inconnue triomphe de tous ses adversaires. L’un des vaincus parvient à soulever la visière de son heaume : il se révèle être Bertrand Du Guesclin (vers 1320- 1380), jeune noble breton à qui son père avait interdit de participer à ce tournoi. Il deviendra une grande figure de la Guerre de Cent Ans, pendant laquelle il commandera l’armée royale sous le titre de connétable de France.

Ce tableau constitue l’une des tentatives les plus abouties de reconstitution presque archéologique du passé de Révoil. Il s’inspire ici de manuscrits médiévaux enluminés ou d’objets de sa propre collection, comme l’olifant dans lequel souffle le héraut d’armes, une pièce d’Italie du sud de la fin du XIe siècle.


Les Enfants d’Édouard, de Paul Delaroche

Delaroche emprunte le sujet de ce tableau, exposé au Salon de 1831, à la pièce de William Shakespeare, Richard III. À la mort du roi Édouard IV d’Angleterre, son fils aîné devait hériter de son trône et être couronné en tant que Édouard V. Cependant, son oncle, l’ambitieux Richard, duc de Gloucester, met en œuvre le projet de lui ravir le pouvoir. Il fait emprisonner le jeune prince, encore adolescent, ainsi que son frère cadet, dans la Tour de Londres, où tous deux seront assassinés.

Le moment retenu par le peintre se situe juste avant le drame. Les deux princes, pressentant leur funeste sort, se serrent l’un contre l’autre. Le rai de lumière sous la porte et le chien qui dresse l’oreille signalent l’arrivée imminente de visiteurs, que le spectateur peut imaginer comme étant les meurtriers.


François Ier montre à Marguerite de Navarre, sa sœur, les vers qu’il vient d’écrire sur une vitre avec son diamant, de Fleury Richard

La scène représentée se déroule au château de Chambord. Le roi François Ier, connu pour son goût des femmes et sa conduite volage, a ici gravé sur l’une des vitres une inscription ironique : « Souvent femme varie. Bien fol qui s’y fie ». Avec amusement, il montre ces mots à sa sœur, la reine Marguerite de Navarre. Cette anecdote est avant tout prétexte à la reconstitution d’un intérieur de la Renaissance, dans lequel le mobilier et les vitraux sont détaillés avec soin.

Le peintre a cherché des sources pour représenter ses personnages. Si le peintre s’inspire des portraits connus du roi, notamment celui du Titien, il trouve son modèle pour le personnage féminin dans les tableaux de Léonard de Vinci du musée du Louvre.


Valentine de Milan pleurant la mort de son époux Louis d’Orléans, assassiné en 1407, par Jean, duc de Bourgogne, de Fleury Richard

Valentine de Milan (1366-1408) est la fille du duc Jean Galéas Visconti et d’Isabelle de France. Elle devient duchesse d’Orléans en 1389, suite à son mariage avec Louis Ier, frère cadet du roi de France Charles VI. À partir de 1392, la folie de son frère conduit le duc d’Orléans à participer au conseil de régence du royaume, dans un contexte de lutte de pouvoir qui mènera son cousin Jean Sans Peur, duc de Bourgogne, à ordonner son assassinat en 1407. Valentine de Milan ne cessera alors de réclamer justice, avant de mourir de chagrin moins d’un an plus tard.

Remportant un vif succès au Salon de 1802, le tableau entre trois ans plus tard dans la collection de l’impératrice Joséphine.


Cromwell et Charles Ier, de Paul Delaroche

L’épisode illustré par ce tableau est emprunté à un texte de Chateaubriand, Les Quatre Stuarts. Après l’exécution du roi d’Angleterre Charles Ier en 1649, renversé par une guerre civile, son adversaire, Oliver Cromwell (1599- 1658), soulève ici le couvercle de son cercueil pour contempler son cadavre. Pour les spectateurs du Salon de 1831 qui découvrirent ce tableau, une telle représentation n’était pas sans écho à la récente Révolution française et à l’exécution de Louis XVI.

De récentes découvertes ont établi que Delaroche connaissait bien l’art anglais de son temps et qu’il a mené une véritable recherche autour de l’iconographie de Cromwell. Il a pu notamment s’inspirer d’études de costumes, en particulier de bottes, menées dans des châteaux anglais par James Ward, un artiste qu’il connaissait.


Don Juan d’Autriche présenté à l’empereur Charles Quint à Yuste, de Eduardo Rosales

Après avoir abandonné le pouvoir, l’empereur Charles Quint se retire en 1556 dans le monastère de Yuste, en Espagne, pour y finir sa vie. Il demande alors qu’on lui présente son fils illégitime, don Juan d’Autriche (1545-1578), qui servait comme page auprès d’un noble du pays, afin de lui révéler sa naissance. Ce jeune homme connaîtra un illustre destin militaire, commandant notamment la flotte victorieuse des armées ottomanes lors de la bataille de Lépante en 1571.

Après avoir abandonné le pouvoir, l’empereur Charles Quint se retire en 1556 dans le monastère de Yuste, en Espagne, pour y finir sa vie. Il demande alors qu’on lui présente son fils illégitime, don Juan d’Autriche (1545-1578), qui servait comme page auprès d’un noble du pays, afin de lui révéler sa naissance. Ce jeune homme connaîtra un illustre destin militaire, commandant notamment la flotte victorieuse des armées ottomanes lors de la bataille de Lépante en 1571.


Louis d’Orléans montrant sa maîtresse, d'Eugène Delacroix

L’anecdote illustrée par ce tableau est empruntée à l’Histoire des ducs de Bourgogne de Prosper de Barante. Le duc Louis Ier d’Orléans (1372-1407), grand amateur de femmes, aurait voulu jouer un tour à son chambellan, Aubert Le Flamenc, dont l’épouse, Mariette d’Enghien, était devenue sa maîtresse. Par amusement, le duc lui aurait montré la jeune femme nue, le visage caché, afin de lui faire juger de sa beauté, et le mari trompé ne l’aurait pas reconnue.

Delacroix situe cette scène dans un Moyen Âge imaginé, dont il restitue l’esprit plutôt que le détail. Il joue d’une palette riche et du rendu luxueux des étoffes pour renforcer l’érotisme de la représentation.


Stańczyk, de Jan Matejko

Stańczyk (vers 1480-1560) est le bouffon de la cour du roi de Pologne Sigismond Ier. Connu pour son esprit vif et ses propos d’une lucidité prémonitoire sur le sort de son pays, il est devenu au XIXe siècle une figure symbolique de la culture nationale dans l’art et la littérature. Ce tableau de Matejko est l’une des premières œuvres le représentant et s’impose comme l’une de celles qui ont contribué à la construction de cette identité polonaise.

Stańczyk assiste ici à un bal donné par la reine en 1514 pour célébrer la victoire des armées polonaises sur les troupes de la principauté de Moscou à Orsza. Or, au même moment, la perte de la ville de Smoleńsk constitue une nouvelle inquiétante qui laisse présager un futur sombre pour le pays. Seul le fou semble toutefois le pressentir, alors que la cour s’amuse.

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Exposition Le temps de la peinture

Lyon (1800-1914)
Visuel principal
Introduction

Dans le cadre de la grande manifestation réunissant les institutions culturelles lyonnaises autour du thème L'Esprit d'un siècle, Lyon 1800-1914, le musée des Beaux-Arts présente une exposition consacrée à l'École lyonnaise de peinture.
 

 

Du 20 avril 2007 au 30 juillet 2007

Apparue sous la Restauration, la notion d'« École lyonnaise » concerne à l'origine des artistes du genre « troubadour » étroitement liés à l'existence de l'Ecole des Beaux-arts. Reconnue au Salon de 1819, elle sera consacrée en 1851 par la création au musée d'une Galerie des peintres lyonnais. Sa définition et son contenu firent longtemps l'objet de prises de position aussi décidées qu'opposées et il est légitime de s'interroger aujourd'hui sur l'existence même d'une école lyonnaise. A ce titre, l'exposition s'inscrit dans un mouvement plus général de réévaluation de la géographie artistique européenne au XIXe siècle. Hors de Paris ou de Londres, de grandes métropoles furent des foyers de création essentiels que l'histoire de l'art au XXe siècle a quelque peu négligés : Milan, Manchester, Düsseldorf, Barcelone, Copenhague, Lyon.

L'exposition est rythmée par un parcours de neuf sections. Elle se prolonge au sein des collections permanentes par quatre présentations satellites. Pour vous accompagner tout au long de votre visite au musée, un petit livret l'expo en poche vous est offert à la billetterie de l'exposition.

Commissariat scientifique de l'exposition :

  • Pierre Vaisse, professeur honoraire d'histoire de l'art à l'Université de Genève.
  • Sylvie Ramond, directeur du musée des Beaux-Arts de Lyon
  • François Fossier, professeur des Universités
  • Gérard Bruyère, bibliothécaire au Musée des Beaux-Arts de Lyon
  • Assistés de Yuriko Jackall
Bloc contenu

L'exposition met en évidence la diversité des groupes et des tendances qui composent cette Ecole et retrace ses mutations jusqu'à la Première Guerre mondiale :

  • Genre historique (Révoil, Richard, Jacquand) ;
  • Peinture de fleurs (Berjon, Déchazelle, Thierriat, Saint-Jean, Castex-Dégrange) ;
  • Peinture de genre (Bonnefond, Genod) ; peinture religieuse (Orsel, Janmot) ;
  • Renouveau du grand décor religieux (Flandrin, Frenet) ; romantisme (Guichard, Seignemartin, Bellet du Poisat) ;
  • Symbolisme (Puvis de Chavannes, Séon) ;
  • Paysage (Allemand, Appian, Carrand, Ravier), etc.

L'exposition se conclut avec l'évocation de l'Exposition internationale de Lyon de 1914, à laquelle figuraient des artistes tels que Picasso et Matisse.

A cette occasion, le musée expose de nombreuses œuvres de ses réserves, comme les cartons de Paul Chenavard pour le Panthéon et la série dessinée du cycle de Louis Janmot, Le Poème de l'âme, ainsi qu'un grand nombre d'œuvres inédites appartenant à des collections particulières.

Cette exposition a valeur d'événement. Encore mal connue, l'Ecole lyonnaise n'a été étudiée que de manière fragmentaire. Par ailleurs, aucune manifestation de grande ampleur ne lui a été consacrée depuis... 1937 (Puvis de Chavannes et la peinture lyonnaise du XIXe siècle) et 1948 (La peinture lyonnaise du XVIe au XIXe siècle). Les expositions organisées au Musée des Beaux-Arts au cours des vingt dernières années privilégièrent essentiellement une présentation par genres ou des monographies d'artistes.

Ainsi, pour la première fois, l'Ecole lyonnaise de peinture est présentée dans son double contexte français et européen. Alors même que pour certains historiens de l'art, l'activité de tout un groupe de peintres lyonnais apparaît comme une des phases capitales du préraphaélisme européen, jamais le cycle du Poème de l'âme de Janmot n'avait été rapproché des illustrations du Dante de Blake, ou d'autres artistes du Nord. De même, si la question des rapports des peintres lyonnais avec les Nazaréens a souvent été discutée, les chefs d'œuvre des Nazaréens n'ont jamais été mis en face des œuvres de cette "Ecole de peinture philosophique" (Orsel, Janmot et Chenavard), comme la qualifiait Charles Baudelaire.

 


Les coulisses de l'exposition

Dans le cadre de l'exposition «Le temps de la peinture », le musée des Beaux-Arts souhaite valoriser son fonds en présentant un nombre important d'œuvres de la collection peu vues jusqu'à ce jour. Cet évènement est ainsi accompagné d'un important travail de restauration, destiné à redonner tout leur éclat à des peintures ayant subi les outrages du temps.

Les restaurateurs ont en France un statut de profession libérale. Ils ont chacun une spécialité, correspondant à un type d'œuvre : peinture (couche picturale ou support), arts graphiques, sculpture, céramique et verre, métal, mobilier, textile, photographie,Quatre formations sont reconnues par l'Etat et permettent de bénéficier d'une habilitation à travailler pour les musées de France : l'Institut National du Patrimoine, la maîtrise de sciences et techniques de l'université Paris I, les écoles d'Avignon et de Tours.

Restauration des peintures

Différents stades d'intervention ont été nécessaires sur les peintures, allant d'un simple nettoyage à des opérations beaucoup plus spectaculaires.

Une œuvre a en particulier constitué un cas remarquable compte tenu de la complexité du travail à mener : le Vœu à la Madone de Jean-Claude Bonnefond, confié à Aloÿs de Becdelièvre. Largement endommagée par d'anciennes restaurations abusives, cet incunable de la peinture lyonnaise n'était plus montré au public depuis de nombreuses années, fortement usé par un nettoyage trop poussé et défiguré par des repeints maladroits. Le défi de cette intervention consistait à retrouver l'harmonie colorée originelle, attestée par l'ensemble des documents anciens, composée de tons chauds avec un fort clair-obscur. Des recherches poussées ont été menées pour réunir le plus de sources possibles, jusque dans les comptes-rendus donnés par les critiques du temps, tous témoignant de cette même ambiance générale. L'œuvre a ainsi pu retrouver sa subtilité et son atmosphère quasi mystique de recueillement qui avait pratiquement disparu.

Pour en savoir plus : Aloÿs de Becdelièvre, « Une harmonie colorée retrouvée », Le temps de la peinture : Lyon 1800-1914 , Fage éditions, Lyon, 2007.

 

Restauration des cadres

L'encadrement d'une peinture constitue un élément essentiel dans la perception de l'œuvre par le spectateur. C'est pourquoi une attention toute particulière a été apportée au cadre : dépoussiérage, consolidation des moulures et des ornements fragiles, atténuation des lacunes, de manière à constituer autour de l'œuvre un écrin qui la mette en valeur du mieux possible, en respectant aussi un souci d'unité tout au long du parcours de l'exposition.

Bloc dossier de l’exposition
Bloc contenu 2

Le Parcours

Introduction

Ici, de jeunes artistes dessinent dans un atelier ; là, ils travaillent en plein air à l'occasion d'une partie de campagne à l'Île-Barbe : ainsi s'ouvre l'exposition Le Temps de la peinture, Lyon 1800-1914.

1. Naissance d'une école

Portraits de groupe, scènes d'atelier, autoportraits, académies : ces œuvres témoignent de la vitalité de la nouvelle École des Beaux-Arts qui ouvre en 1807.

L'école, d'hier à aujourd'hui

  • 1756 : ouverture d'une école gratuite de dessin.
  • 1780 : création de l'École royale académique de dessin.
  • 1795 : ouverture de l'École de la fleur. 1807 : la nouvelle École impériale des Beaux-Arts de Lyon, créée en 1805, s'installe au Palais Saint-Pierre, place des Terreaux.
  • 1936 : l'École nationale des Beaux-Arts déménage cours des Chartreux (aujourd'hui boulevard de la Croix-Rousse, Lyon 1er).
  • 1960 : inauguration de la nouvelle École réalisée par l'architecte Paul Bellemain, rue Neyret (Lyon 1er).
  • 2007 : l'École s'installe aux Subsistances, quai de Saône (Lyon 1er).
2. Un passé retrouvé

En renouant avec le Moyen Âge, les artistes lyonnais ouvrent de nouvelles perspectives et participent à l'invention d'une peinture d'histoire qui donne au sentiment une place inédite.

3. Le sentiment du quotidien

Formés par Fleury Richard et Pierre Révoil, la première génération des artistes sortis de l'École des Beaux-Arts s'échappent des thèmes médiévaux, imposant de nouveaux sujets inspirés de l'actualité ou du quotidien. Leur recherche est placée sous le signe des maîtres hollandais et de Greuze.

4. La fleur : du motif au tableau

À l'origine, la peinture florale à Lyon est étroitement liée à l'industrie manufacturière des étoffes de soie. Mais par-delà l'impératif commercial, la fleur devient au fil du siècle un véritable enjeu artistique, de plus en plus autonome, délié de son origine marchande.

La Fabrique : Après la Révolution française et jusqu'aux années 1880, la Fabrique de soierie redevient à Lyon le noyau central de la richesse et du dynamisme de la ville. Au début du 19e siècle, le renouveau commercial et le redressement de la Fabrique sont encouragés par Napoléon et favorisés par les innovations techniques comme le métier à tisser de Jacquard. Contrairement à une manufacture, quicentralise la production (usine), la Fabrique fait appel à de nombreux corps de métiers indépendants répartis dans la ville et lesalentours (ateliers). Pour la conception des motifs qui seront ensuite tissés par les “canuts”, la Fabrique a recours à des dessinateurs capables de créer de nouveaux modèles.

5. Pour un renouveau spirituel

Après la Révolution, le 19e siècle est marqué par un profond mouvement spirituel et la volonté des Églises chrétiennes de restaurer leur influence. Au début du siècle, la reconstruction religieuse du diocèse de Lyon s'engage dans une ère de foisonnement philosophique et d'idéalisme mystique.

« Ma manière d'envisager les arts est un appel à toutes les intelligences ; et de même qu'il est nécessaire de se faire comprendre et d'attirer la foule, de même il est nécessaire de satisfaire et même de développer s'il se peut les intelligences les plus élevées [...]. Dans la chaire, la parole met l'homme au-dessus de l'homme : il fait prédominer chez lui la partie divine, le lien qui le rattache au Créateur ; l'image est la prédication permanente, la prédication qui entre par l'œil au lieu d'entrer par l'intelligence et qui, si elle est d'abord moins vive, a l'avantage d'être perpétuelle ». Victor Orsel

6. Un art philosophique

Pour le poète et critique Charles Baudelaire, les peintres lyonnais auraient sacrifié le « charme propre de la peinture » pour réaliser, dans leurs tableaux, des hiéroglyphes indéchiffrables.

Le débat esthétique

Dans un de ses essais critiques, Charles Baudelaire écrit :

« Qu'est-ce que l'art philosophique suivant la conception de Chenavard et de l'école allemande ? C'est un art plastique qui a la prétention de remplacer le livre, c'est-à-dire de rivaliser avec l'imprimerie pour enseigner l'histoire, la morale et la philosophie. »

Cette prise de position illustre les débats qui animent les milieux artistiques au 19e siècle, entre les défenseurs d'un art plastique autonome et ceux qui prônent une peinture capable de contribuer à l'éducation morale.

7. L'histoire au présent

Recherches d'atelier pour évoquer une histoire médiévale fantasmée, esquisses réalisées face aux horreurs de certains événements contemporains, ces œuvres témoignent de conceptions différentes de l'histoire en peinture.

« [...] J'ai été avec Meissonier chez lui, voir son dessin de la Barricade. C'est horrible de vérité, et quoi qu'on ne puisse dire que ce ne puisse être exact, peut-être manque-t-il le je ne sais quoi qui fait un objet d'art d'un objet odieux. »

Eugène Delacroix, Journal, 5 mars 1849

8. Le paysage : de l'atelier au plein air

Plusieurs générations de peintres sont ici rassemblées. Paysages minutieux réalisés en atelier, peintures de petit format exécutées sur le motif : les recherches des Lyonnais face à la nature permettent de découvrir les facettes d'un “pays” patiemment observé.

9. Vers la modernité

Au terme de ce cheminement à travers l'histoire de la peinture à Lyon au 19e siècle, il est essentiel de rendre ici hommage à celui qui a ouvert une voie de la modernité en art, influençant durablement de nouvelles générations d'artistes.


Le projet de l'escalier du musée

En 1883, Pierre Puvis de Chavannes se voit confier par la ville de Lyon le décor du nouvel escalier du musée. En concertation avec ses commanditaires, Puvis déroule, en trois vastes compositions peintes sur toile, le cycle de la double origine de l'art, soit la forme (Vision antique) et le sentiment (Inspiration chrétienne). Au centre, Le Bois sacré cher aux Arts et aux Muses symbolise le musée, lieu d'une possible rencontre avec les muses qui représentent les différents arts. Une quatrième composition mettant en scène les allégories de la Saône et du Rhône évoque les qualités artistiques de la Force et de la Grâce. Elle encadre la porte qui conduisait, à l'époque, à la salle des artistes lyonnais.

 


Quatre présentations satellites

1. Entre deux-mondes : l'Exposition internationale de 1914

Cette présentation évoque l'Exposition internationale urbaine organisée par la Ville de Lyon en 1914. En ce début du 20e siècle, cet événement est le reflet d'un monde occidental qui croit au progrès scientifique, technique et à celui de la civilisation.

Au cœur de l'exposition, la section réservée aux beaux-arts est tout à fait innovante dans le choix des œuvres présentées au public lyonnais. Y figurent les œuvres d'artistes internationaux souvent peu connus encore du grand public : Pablo Picasso, Henri Matisse, Georges Rouault, Paul Sérusier, Diego Rivera,

À leurs côtés, les peintures des Lyonnais Eugène Brouillard, Pierre Combet-Descombes, Pierre Bépi-Martin, Adrien Bas annoncent les nouvelles tendances de l'art à Lyon, au début du nouveau siècle. Présentée dans la grande halle conçue par l'architecte Tony Garnier, la visite de l'Exposition permettait de découvrir cette ambitieuse construction métallique tout juste achevée, signe d'une nouvelle ère urbaine. Installée dans le quartier de La Mouche (Gerland), elle était destinée à abriter les abattoirs de la ville.

Août 1914. Ouverte depuis quelques semaines, l'Exposition est interrompue : la déclaration de guerre de l'Allemagne à la France fait basculer l'Europe dans un long conflit meurtrier.

2. Le Salon des Fleurs

Dès 1811, une salle est consacrée au musée de Lyon à la peinture florale. Agencé dans l'esprit des demeures aristocratiques, le Salon des Fleurs rassemble à partir de 1815 des œuvres maîtresses de la grande tradition de la peinture de fleur ainsi que celles des nouveaux peintres formés à l'école des Beaux-Arts.

Le portrait sculpté d'Antoine Berjon au centre de la salle rappelle le rôle essentiel qu'a joué cet artiste dans le développement de la peinture de fleurs à Lyon, comme en témoignent ses œuvres présentées sur le mur ouest aux côtés d'autres peintures lyonnaises du 19e siècle.

Sur le mur sud, les réalisations des Hollandais du 17e siècle Jan Davidsz de Heem et Abraham Mignon rappellent le raffinement de cet art du détail et du symbole. Face à elles, sont réunis des tableaux réalisés par des Flamands aux 18e et 19e siècles dans un esprit plus décoratif. A l'est, c'est la tradition française du 17e siècle qui est évoquée, à travers plusieurs œuvres de Jean-Baptiste Monnoyer. Si ces différentes générations perpétuent un même modèle bouquets composés, tables de marbre, souci du détail jusqu'à l'illusion, chacune apporte sa note particulière.

3. Le Poème de l'âme de Louis Janmot

Le Poème de l'âme est, en Europe, un des jalons du spiritualisme en peinture. Composé d'un long texte de plusieurs milliers de vers et d'un double cycle de tableaux et de grands dessins, Janmot y exprime ses convictions philosophiques et religieuses.

Le cycle peint raconte le cheminement d'une âme, de son arrivée sur terre jusqu'à l'âge adulte, accompagnée dès l'enfance par une compagne, double féminin. Ensemble, ils traversent les différentes étapes de la vie et les épreuves successives, toujours tendus par le désir de retourner vers le ciel. Les grands dessins qui font suite à ce premier cycle montrent l'homme seul, en proie aux souffrances et aux tentations. Le fil conducteur du Poème de l'âme est très proche de celui de L'Homme de désir écrit par l'illuministe français Saint-Martin à la fin du 18e siècle. Ce courant de pensée semble avoir marqué profondément Janmot. Pour lui, l'homme est un exilé, séparé du Créateur, et qui cherche à réintégrer l'unité primordiale divine. Né à Lyon en 1814, Janmot y fera ses études et une grande partie de sa carrière, après un passage dans l'atelier du peintre Jean Dominique Ingres. Réalisées entre 1835 et 1855, les 18 peintures ont été présentées à l'Exposition universelle de 1855 à Paris sur la recommandation du peintre Eugène Delacroix.

4. Le projet de décor du Panthéon de Paul Chenavard

Sont rassemblés dans l'espace 6ter, six dessins préparatoires, cinq des quarante-deux grandes compositions qui retracent l'histoire de l'humanité de la Genèse à la Révolution, et le projet peint de La Palingénésie sociale dans une version de grand format. Cet ensemble permet de mesurer l'ambition intellectuelle du projet : au-delà d'une histoire individuelle ou même nationale, Chenavard rassemble toutes les grandes figures de l'histoire humaine en une grande fresque visuelle. Né à Lyon en 1807, Paul Chenavard s'installe jeune à Paris. Penseur autant que peintre, il est nourri de philosophie, lit et voyage beaucoup, fréquente tous les milieux artistiques et littéraires de son temps. Il est le principal représentant de ce courant que dénonce Baudelaire sous le nom d'Art philosophique.
 

 

 

 
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Exposition Jacques Stella (1596-1657)

Visuel principal
Jacques Stella, Salomon sacrifiant aux idoles, ca 1650.
Jacques Stella,
Salomon sacrifiant aux idoles, vers 1650.
Image © Lyon MBA - Photo Alain Basset
Introduction

Exposition consacrée à Jacques Stella, peintre lyonnnais qui fut un des principaux acteurs de la Renaissance artistique au temps de Richelieu.

Cette exposition fut l'occasion pour le musée, d'évoquer la collection et la bibliothèque du peintre, qui ont fait aussi l'objet d'une étude dans le catalogue. Le médaillier a parallèlement mis en valeur le rôle de la médaille au temps de Jacques Stella.

Présentation de l'exposition

Première grande exposition consacrée à Jacques Stella, peintre majeur de l'art français du XVIIe siècle et sans doute l'un des artistes les plus originaux de son temps.

L'exposition présentée au Musée des Beaux-Arts de Lyon, la ville natale de l'artiste, retrace au regard de quelque 200 peintures, dessins et gravures, toute la diversité de la production de Jacques Stella.

Tour à tour chroniqueur de la vie populaire, peintre des anges et des madones, inventeur de sujets classiques ou sacrés, illustrateur, portraitiste parfois, paysagiste souvent, Stella réserve des moments de grâce et d'émotion.

Cette exposition avait été voulue et conçue par Gilles Chomer (1950-2002), historien de l'art à l'Université de Lyon 2 et au CNRS, qui en avait passionnément réuni les matériaux. Sa disparition prématurée a poussé ses amis et ses anciens élèves à mener à son terme le travail entrepris.

Jacques Stella, peintre du roi

Fils du peintre François Stella, Jacques Stella (1596-1657) fut vraisemblablement formé à Lyon, sa ville natale. Vers 1619, il part étudier en Italie et connaît ses premiers succès à Florence, en 1621, en tant que graveur dans l'orbite de Jacques Callot : il en gardera un goût durable pour l'illustration de la vie populaire. C'est dans la Rome effervescente d'Urbain VIII, où il côtoie le Bernin, Poussin et Vouet, que Stella s'impose comme peintre. Ses petits tableaux peints sur pierre semi-précieuse le font rechercher des plus grands amateurs. Rentré en France en 1634, Stella s'arrête à Lyon où il peint L'Adoration des anges. Sur le point de partir pour la cour d'Espagne, il est retenu à Paris par Richelieu qui le nomme peintre du Roi, avec pension et logement au Louvre. Son maintien en France, entre le rappel de Vouet (1627) et celui de Poussin (1640), montre la volonté politique du cardinal de donner à Paris une importance artistique majeure. La peinture connaît alors un moment d'équilibre exceptionnel, que l'on a qualifié d'"atticisme" : avec Champaigne, La Hyre ou Le Sueur, Stella invente ce langage raffiné, noble et serein, qui est le style de la régence d'Anne d'Autriche. Ami de Poussin, dont il possède plusieurs tableaux, Stella ne se borne pas à l'imiter : lorsqu'il se mesure aux mêmes entreprises que son grand aîné (tableaux d'histoire, séries), c'est en conservant toujours sa manière propre. On découvrira aussi combien ce peintre au style élevé est sensible au monde rural : ses séries (PastoralesSaisons, etc.) le rattachent franchement aux "peintres de la réalité". Enfin, à travers l'exemple de sa nièce Claudine Bouzonnet Stella, qui grava et publia ses œuvres, c'est toute une entreprise familiale qui se profile, assurant la diffusion d'une création singulièrement attachante et diverse.

La peinture à Lyon au XVIIe siècle

La position géographique de Lyon en fit un lieu d'échanges privilégiés entre les foyers artistiques de l'Europe du nord et ceux de la Méditerranée, donnant ainsi à la peinture lyonnaise sa singularité dans le contexte artistique français du XVIIe siècle. Les premières décennies du siècle sont marquées à Lyon par la reconstruction religieuse après les événements de la Réforme : les couvents lyonnais offrent aux peintres revenant d'Italie leurs premières commandes (Jacques Blanchard, François Perrier, Charles Le Brun) insufflant un courant d'une grande modernité. Dès 1655, la commande publique est contrôlée par Thomas Blanchet, peintre, architecte et sculpteur, appelé de Rome par le consulat lyonnais pour la décoration du nouvel Hôtel de Ville. Dans les années 1680, l'énigmatique Louis Cretey adopte un style sans équivalent dans la peinture française de la fin du XVIIe siècle. Il participe au décor du réfectoire du couvent des Dames de Saint-Pierre, et réalise pour des amateurs lyonnais d'étonnants tableaux de dévotion ou de cabinet.

La médaille au temps de Jacques Stella

A l'occasion de la parution du Catalogue des médailles françaises des XVe, XVIe et XVIIe siècles du musée des Beaux-Arts de Lyon , un accrochage exceptionnel présentera les 168 médailles conservées au médaillier du Musée des Beaux-Arts. Un éclairage particulier sera fait sur La médaille au temps de Jacques Stella.
A cette époque, deux artistes dominent la production nationale : Guillaume Dupré (1574-1647) et Jean Warin (1604-1672), tous deux graveurs officiels des rois Henri IV, Louis XIII et Louis XIV. Au même moment, Claude Warin, frère de Jean, réalisa les grands médaillons de bronze apposés sur les façades de l'Hôtel de Ville de Lyon. Ces derniers connurent un tel succès que plus de trente Lyonnaises et Lyonnais lui commandèrent le leur. Sa réputation de médailleur dépassa même les limites de la ville et de la région puisqu'il réalisa une médaille pour Honoré II de Monaco. Certaines de ces médailles françaises, présentées pour la première fois au public, sont de qualité exceptionnelle et se révèlent rares ou originales. Elles montrent la richesse du fonds conservé au Médaillier de Lyon, la seconde collection numismatique de France après Paris.

Le cabinet de Jacques Stella

Parallèlement à l'exposition Jacques Stella (1596–1657), le musée des Beaux-Arts de Lyon évoquera la collection et la bibliothèque du peintre, qui font aussi l'objet d'une étude dans le catalogue. Jacques Stella est célèbre pour avoir rassemblé dans son appartement de la galerie du Louvre un ensemble important de tableaux de Nicolas Poussin. On sait moins qu'il posséda aussi une cinquantaine de toiles de maîtres aux attributions prestigieuses (Raphaël, Carrache), plus de quatre cents dessins de collection réunis en deux recueils, avec des attributions non moins prestigieuses (Raphaël, Jules Romain, Michel-Ange, Rubens, etc.), des centaines de gravures des meilleurs burinistes de la Renaissance (Dürer, Cornelis Cort, Marcantonio Raimondi, Giulio Bonasone, Pietro Santi, etc.), des portefeuilles entiers remplis d'estampes de Poussin, Callot, Tempesta, Errard, et de bien d'autres encore - ensemble singulier que complétait, chose rare chez les artistes de cette époque, une bibliothèque d'environ deux cents volumes. Cette présentation de divers ouvrages précieux qui figuraient dans la bibliothèque du peintre ainsi que des estampes de la Renaissance permet d'évoquer le mind map de l'un des peintres les plus ambitieux du XVIIe siècle français.

Réalisée en collaboration avec la Bibliothèque municipale de Lyon


Commissariat : 

Sylvain Laveissière, conservateur général du patrimoine au département des peintures du musée du Louvre, commissaire général,
et Isabelle Dubois, conservateur des peintures et sculptures anciennes au musée des Beaux-Arts de Lyon, commissaire.

Du 17 novembre 2006 au 19 février 2007
Information horaires

Exposition ouverte du mercredi au lundi de 10h à 18h, le vendredi de 10h30 à 18h00.
Fermée les mardis et jours fériés. 

Jacques Stella, 1635
L'Adoration des anges - Inv. A 156
Image © Lyon MBA - Photo Alain Basset
Bloc contenu

 

 

Partenaires

Visuel
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10 ans d'acquisitions, 10 ans de passions

Exposition-parcours dans les collections du 29 mai au 21 septembre 2015
Visuel principal
Émile Gallé (1846-1904), Vase orné de chardons, 1900
Emile Gallé,
Vase orné de chardons, vers 1900.
Image © Lyon MBA - Photo Alain Basset
Introduction

Le musée des Beaux-Arts de Lyon met en lumière une sélection d’acquisitions réalisées au long de ces dix dernières années, au sein d’un parcours exceptionnel ponctuant l’ensemble des salles des collections permanentes.

Peintures, sculptures, antiquités, objets d’art, monnaies et médailles, mais aussi ensembles de dessins et de gravures récemment acquis témoignent de la diversité et de l’enrichissement constant des collections. 

 

Dans le cadre d’un partenariat avec le musée, les étudiants du centre Factory ont filmé, réalisé et monté la bande-annonce de l’exposition 10 ans d’acquisitions, 10 ans de passions.

Vous pourrez découvrir :

- deux expositions consacrées aux peintres contemporains Georges Adilon et Geneviève Asse.
- une présentation d’œuvres d’arts graphiques du XVIe au XXe siècle
- un accrochage d’œuvres de l’artiste Auguste Morisot (1857-1951)
- une présentation dans le médaillier

Ces œuvres sont entrées au musée dans le cadre d’une politique d’acquisitions soucieuse de la cohérence du fonds. Elles viennent ainsi renforcer la présence de certains artistes, combler des manques chronologiques ou stylistiques, ou encore étoffer la représentation de certains courants.

Sans la passion et l’engagement d’artistes, de collectionneurs, ou de donateurs, ces œuvres n’auraient pu intégrer les collections. Ce parcours est ainsi à la fois un hommage à la générosité des mécènes et un bilan de la politique d’acquisitions rendue possible grâce à l’accompagnement de la Ville de Lyon, de la Région Rhône-Alpes et de l’État.

Du 29 mai 2015 au 21 septembre 2015
Bloc dossier de l’exposition
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Geneviève Asse

Visuel principal
Introduction

Le musée des Beaux-Arts de Lyon rend hommage à la carrière de Geneviève Asse, mettant en lumière, sur une vaste chronologie, des temps forts et d’autres moins bien explorés de son œuvre :
- les débuts figuratifs,
- la peinture blanche – plutôt que son bleu fameux –,
- et les dessins – sans doute les moins étudiés et montrés.

Du 29 mai 2015 au 21 septembre 2015
Tarif

Tarif : 7€ / 4€ / Gratuit
Le billet donne droit à l'entrée des collections permanentes et des autres expositions du musée.

Information horaires

Exposition du 29 mai au 21 septembre 2015 - Salle 200 - 2e étage du musée

Geneviève Asse est née en 1923, à Vannes, en Bretagne. À l’âge de onze ans, elle est scolarisée à Paris et entre en 1940 à l’École des arts décoratifs. Elle découvre au Louvre la peinture de Chardin : « Chardin m’a apporté beaucoup : la lumière, la construction, un silence, et la transparence, la transparence des objets : un fruit dans un verre. »

À partir des années 1960, sa peinture se libère de l’objet, pour devenir formes dans l’espace, puis tout entière lumière, réglée sur quelques lignes verticales ou horizontales. En 1961, elle rend visite à Giorgio Morandi - rencontre décisive. Après avoir exploré le blanc, sa peinture se tourne, au milieu des années 1970, vers le bleu, correspondant à une certaine spiritualité.

Le musée lui consacre un parcours, depuis les objets, natures mortes, volumes et plans abstraits des premières années fondatrices (1943-1958), jusqu’aux paysages (1963-1971) et à la transfiguration des toiles blanches (1971-1980).

En contrepoint, son œuvre dessiné est présenté à travers une sélection d’une trentaine de feuilles réalisées entre les années 1940 et le tournant de 1990. Cette exposition entre en résonance avec les œuvres qui figurent dans la collection permanente du musée.
Ainsi en va-t-il
- des Boîtes bleues (1948-1950), regardant vers l’art ancien,
- ou de la Composition Couleurs dans l’espace [Couleurs de l’espace] (1966)
- et du Triptyque Peinture de 1970, témoignages du dépassement figuratif de l’après-guerre, représenté dans la collection d’art moderne du musée.

Geneviève Asse, Composition dans l'espace, 1966 (c) Adagp, Paris, 2015 - Image (c) MBA Lyon - Alain Basset
Geneviève Asse
Composition dans l'espace, 1966
(c) Adagp, Paris, 2015 - Image (c) MBA Lyon - Alain Basset
Citation
Chardin m’a apporté beaucoup : la lumière, la construction, un silence, et la transparence, la transparence des objets : un fruit dans un verre.
Bloc dossier de l’exposition